Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/302

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je fache pour un croquesol ni pour un chantre de Cathédrale. Mais en donnant de la musique pour être de lui, il s’est donne pour en savoir faire. Voila ce que j’avois à vérifier. Je lui ai donc propose de la musique non à lire mais à faire. C’étoit aller ce me semble aussi directement qu’il étoit possible au vrai point de la question. Je l’ai prie de composer cette musique en ma présence sur des paroles qui lui étoient inconnues & que je lui ai fournies sur le champ.

Le François.

Vous aviez bien de la bonté ; car enfin vous assurer qu’il ne savoit pas lire la musique, n’étoit-ce pas vous assurer de reste qu’il n’en savoit pas composer ?

Rousseau.

Je n’en sais rien ; je ne vois nulle impossibilité qu’un homme trop plein de ses propres idées ne sache ni saisir ni rendre celles des autres, & puisque ce n’est pas faute d’esprit qu’il fait si mal parler, ce peut aussi n’être pas par ignorance qu’il lit si mal la musique. Mais ce que je sais bien, c’est que si de l’acte au possible la conséquence est valable, lui voir sous mes yeux composer de la musique étoit m’assurer qu’il en savoit composer.

Le François.

D’honneur, voici qui est curieux ! He bien, Monsieur, de quelle défaite vous pay a-t-il ? Il fit le fier, sans doute, & rejetta la proposition avec hauteur ?

Rousseau.

Non, il voyoit trop bien mon motif pour pouvoir s’en