Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/307

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porte une empreinte impossible à méconnaître, & plus impossible à imiter. Sa musique sa prose ses vers tout dans ces dix ans est d’un coloris d’une teinte qu’un autre ne trouvera jamais. Oui, je le répete, si j’ignorois quel est l’auteur du Devin du Village je le sentirois à cette conformité. Mon doute lève sur cette piece acheve de lever ceux qui pouvoient me rester sur son auteur. La force des preuves qu’on a qu’elle n’est pas de lui ne sert plus qu’a détruire dans mon esprit celle des crimes dont on l’accuse, & tout cela ne me laisse plus qu’une surprise ; c’est comment tant de mensonges peuvent être si bien prouves.

J. J. étoit ne pour la musique ; non pour y payer de sa personne dans l’exécution, mais pour en hâter les progrès & y faire des découvertes. Ses idées dans l’art & sur l’art sont secondes intarissables. Il a trouve des méthodes plus claires plus commodes plus simples qui facilitent, les unes la composition, les autres l’exécution, & auxquelles il ne manque pour être admises que d’être proposées par un autre lui. II a fait dans l’harmonie une*

[*Les Editeurs sont persuades que l’Auteur a laisse quelques écrites sur la découverte intéressante dont il parle, mais il ne leur a pas été possible du les recouvrer] découverte qu’il ne daigne pas même annoncer, sur d’avance qu’elle seroit rebutée, ou ne lui attireroit comme le Devin du Village que l’imputation de s’emparer du bien d’autrui. Il sera dix airs sur les mêmes paroles sans que cette abondance lui coûte ou l’épuise. Je l’ai vu lire aussi fort bien la musique, mieux que plusieurs de ceux qui la professent. Il aura même en cet art l’impromptu de l’exécution