Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t11.djvu/403

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Vous demandiez s’il existoit un complot. Oui, sans doute, il en existe un, & tel qu’il n’y en eut & n’y en aura jamais de semblable. Cela n’étoit-il pas clair des l’année du décret par la brusque cet incroyable sortie de tous les imprimes, de tous les journaux, de toutes les gazettes, de toutes les brochures contre cet infortune ; ce décret fut le tocsin de toutes ces fureurs. Pouvez-vous croire que les auteurs de tout cela, quelque jaloux quelque mechans quelque vils qu’ils être, se sussent ainsi déchaînés de concert en loups enrages contre un homme alors & des-lors en proie aux plus cruelles adversités ? Pouvez-vous croire qu’on eut insolemment farci les recueils de ses propres écrits de tous ces noirs libelles, si ceux qui les écrivoient & ceux qui les employoient n’eussent été inspires par cette ligue qui, depuis long-tems graduoit sa marche en silence, & prit alors en public son premier essor. La lecture des écrits de J. J. m’a fait faire en même tems celle de ces venimeuses productions qu’on a pris grand soin d’y mêler. Si j’avois fait plutôt ces lectures j’aurois compris des-lors tout le reste. Cela n’est pas difficile à qui peut les parcourir de sang-froid. Les ligueurs eux-mêmes l’ont senti, & bientôt ils ont pris une autre méthode qui leur à beaucoup mieux réussi. C’est de n’attaquer J. J. en public qu’à mots couverts, & le plus souvent sans nommer ni lui ni ses livres ; mais de faire en sorte que l’application de ce qu’on en diroit fut si claire que chacun la fit sur le champ. Depuis dix ans que l’on suit cette méthode, elle a produit plus d’effet que des outrages trop grossiers qui, par cela seul, peuvent déplaire au public ou lui devenir suspects. C’est dans les entretiens