Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/487

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Mon état & mon goût m’attirent également vers l’Italie ; & si la lettre dont vous m’avez envoyé copie, obtient une réponse favorable, je penche extrêmement pour en profiter. Cette lettre, Mylord, est un chef-d’œuvre ; pas un mot de trop, si ce n’est des louanges ; pas une idée omise pour aller au but. Je compte si bien sur son effet, que sans autre sureté qu’une pareille lettre, j’irois volontiers me livrer aux Vénitiens. Cependant comme je puis attendre & que la saison n’est pas bonne encore pour passer les monts, je ne prendrai nul parti définitif, sans en bien consulter avec vous.

Il est certain, Mylord, que je n’ai pour le moment nul besoin d’argent. Cependant je vous l’ai dit, & je vous le répete ; loin de me défendre de vos dons, je m’en tiens honoré. Je vous dois les biens les plus précieux de la vie ; marchander sur les autres, seroit de ma part une ingratitude. Si je quitte ce pays, je n’oublierai pas qu’il y a dans les mains de M. Meuron cinquante louis dont je puis disposer au besoin.

Je n’oublierai pas non plus de remercier le Roi de ses graces. Ç’a toujours été mon dessein, si jamais je quittois ses Etats. Je vois, Mylord, avec une grande joie, qu’en tout ce qui est convenable & honnête, nous nous entendons sans nous être communiqués.