Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/274

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débarrasser plus tôt. Femmes de Paris & de Londres, pardonnez-le-moi, je vous supplie. Nul séjour n’exclut les miracles ; mais pour moi le n’en connois point ; & si une seule d’entre vous a l’âme vraiment honnête, je n’entends rien à vos institutions.

Toutes ces éducations diverses livrent également de jeunes personnes au goût des plaisirs du monde, & aux passions qui naissent bientôt de ce goût. Dans les grandes villes la dépravation commence avec la vie, & dans les petites elle commence avec la raison. De jeunes provinciales, instruites à mépriser l’heureuse simplicité de leurs mœurs, s’empressent à venir à Paris partager la corruption des nôtres ; les vices, ornés du beau nom de talents, sont l’unique objet de leur voyage ; et, honteuses en arrivant de se trouver si loin de la noble licence des femmes du pays, elles ne tardent pas à mériter d’être aussi de la capitale. Où commence le mal, à votre avis ? dans les lieux où on le projette, ou dans ceux où on l’accomplit ?

Je ne veux pas que de la province une mère sensée amène sa fille à Paris pour lui montrer ces tableaux si pernicieux pour d’autres ; mais je dis que quand cela serait, ou cette fille est mal élevée, ou ces tableaux seront peu dangereux pour elle. Avec du goût, du sens & l’amour des choses honnêtes, on ne les trouve pas si attrayants qu’ils le sont ceux qui s’en laissent charmer. On remarque à Paris les jeunes écervelées qui viennent se hâter de prendre le ton du pays, & se mettre à la mode six mois durant pour se faire siffler le reste de leur vie ; mais qui est-ce qui