Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t5.djvu/415

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depuis la force du roi Nembrod, qui, dit-on, lui soumit les premiers peuples, toutes les autres forces qui ont détruit celle-là soient devenues iniques & usurpatoires, & qu’il n’y ait plus de légitimes rois que les descendants de Nembrod ou ses ayants cause ; ou bien si cette première force venant à cesser, la force qui lui succède oblige à son tour, et détruit l’obligation de l’autre, en sorte qu’on ne soit obligé d’obéir qu’autant qu’on y est forcé, & qu’on en soit dispensé sitôt qu’on peut faire résistance : droit qui, ce semble, n’ajouteroit pas grand-chose à la force, & ne seroit guère qu’un jeu de mots.

Nous examinerons si l’on ne peut pas dire que toute maladie vient de Dieu, & s’il s’ensuit pour cela que ce soit un crime d’appeler le médecin.

Nous examinerons encore si l’on est obligé en conscience de donner sa bourse à un bandit qui nous la demande sur le grand chemin, quand même on pourroit la lui cacher ; car enfin le pistolet qu’il tient est aussi une puissance.

Si ce mot de puissance en cette occasion veut dire autre chose qu’une puissance légitime, & par conséquent soumise aux lois dont elle tient son être.

Supposé qu’on rejette ce droit de force, & qu’on admette celui de la nature ou l’autorité paternelle comme principe des sociétés, nous rechercherons la mesure de cette autorité, comment elle est fondée dans la nature, si elle a d’autre raison que l’utilité de l’enfant, sa faiblesse & l’amour naturel que le père a pour lui ; si donc, la faiblesse de l’enfant venant à cesser, & sa raison à mûrir, il ne devient