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l54 DU CONTRAT SOCIAL

tion du grand Lycurgue. Que s 1 il y a des sociétés partielles, il en faut multiplier le nombre et en prévenir l'inégalité, comme firent Solon, Numa, Servius. Ces précautions sont les seules bonnes pour que la volonté générale soit toujours éclairée, et que le peuple ne se trompe point (*).

��CHAPITRE IV

��DES BORNES DU POUVOIR SOUVERAIN

Si l'Etat ou la cité n'est qu'une personne morale dont la vie consiste dans l'union de ses membres, et si le plus important de ses soins est celui de sa propre conservation, il lui faut une force universelle et compulsive ( 2 ) pour mouvoir et disposer chaque partie de la manière la plus convenable au tout. Comme la nature donne à chaque homme un pouvoir absolu sur tous ses membres, le pacte social donne au corps politique un pouvoir absolu sur tous les

partis. Puis donc que le fondateur d'une République ne peut empêcher qu'il n'y existe des inimitiés, il lui faut du moins empêcher qu'elles ne deviennent des sectes. »

(') On voit quelle sera donc la politique de Rousseau : ou bien, pas d'association du tout, les individus restant isolés en face de l'État ; — ou bien une multitude de petites asso- ciations, se contrebalançant l'une l'autre et, parleur opposi- tion même, permettant de dégager une volonté commune. Ainsi seulement la volonté générale sera « éclairée », c'est- à-dire que l'on pourra reconnaître ce qui est voulu égale- ment par tous et dans l'intérêt de tous.

( 2 ) G'est-â-dire, donnant une impulsion commune.

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