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LIVRE DEUXIÈME l55

siens : et c'est ce même pouvoir qui, dirigé par la volonté générale, porte, comme j'ai dit, le nom de souveraineté ( 1 ).

Mais, outre la personne publique, nous avons à considérer les personnes privées qui la composent, et dont la vie et la liberté sont naturellement indé- pendantes d'elle. Il s'agit donc de bien distinguer les droits respectifs des citoyens et du souverain (à), et les devoirs qu'ont à remplir les premiers en qualité de sujets, du droit naturel dorit ils doivent jouir en qualité d'hommes ( s ).

( 1 ) Voir en effet ci-dessus, I, vi et vu.

(a) Lecteurs attentifs, ne vous pressez pas, je vous prie, de m'accuser ici de contradiction. Je n'ai pu l'éviter dans les termes, vu la pauvreté de la langue ; mais attendez. (Note de Rousseau).

( 2 ) C'est ici le passage le plus difficile peut-être de tout le Contrat social ; M. Faguet le déclare « inextricable » (Polit, comparée, p. 21). Rousseau invoque comme excuse, dans sa note, « la pauvreté de la langue » qui le condamne à se contredire « dans les termes ». Il faut avouer qu'il n'a pas pris ici toutes les précautions nécessaires pour éviter ce défaut. « Dans les termes », en efîet, il a, comme à plaisir, accumulé les contradictions. Comment, après le pacte par lequel les individus se sont abandonnés à la société, tout entiers et avec la totalité de leurs droits natu- rels, peut-il être encore question d'un « droit naturel » attaché à la « qualité d'homme », et de limites apportées à la toute puissance du souverain ? Entre les principes posés au liv. I, ch. vi et vu, et les termes employés ici, la contra- diction est formelle. Pourtant je crois que Rousseau a raison de soutenir que cette contradiction n'atteint pas le fond de son raisonnement et je vais essayer de montrer que la théorie qui suit, — théorie subtile et que l'on a rarement pris la peine de comprendre et de discuter, — est du moins parfaitement logique et s'accorde avec les principes anté- rieurement posés. Cf. Introd., Ch, I, § 4 et 6.

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