Page:Rousseau - Du Contrat social éd. Beaulavon 1903.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2% DU CONTRAT SOCIAL

est trop lâche, ériger des tribunaux pour le concen- trer (*). Cela se pratique dans toutes les démocra- ties. Dans le premier cas, on divise le gouvernement pour l'affaiblir, et, dans le second, pour le renforcer; car le maximum de force et de faiblesse se trouvent également dans les gouvernements simples, au lieu que les formes mixtes donnent une force moyenne.

��CHAPITRE VIII

��QUE TOUTE FORME DE GOUVERNEMENT N EST PAS PROPRE A TOUT PAYS

La liberté, n'étant pas un fruit de tous les cli- mats, n'est pas à la portée de tous les peuples. Plus on médite ce principe établi par Montesquieu ( 2 ), plus on en sent la vérité ; plus on le conteste, plus on donne occasion de l'établir par de nouvelles preuves.

Dans tous les gouvernements du monde, la per- sonne publique consomme et ne produit rien. D'où lui vient donc la substance consommée ? Du travail de ses membres. C'est le superflu des particuliers qui produit le nécessaire du public. D'où il suit que l'état civil ne peut subsister qu'autant que le travail des hommes rend au delà de leurs besoins.

(*) Tribunaux est pris ici au sens général de corps de magistrats. Rousseau veut parler sans doute de commis- sions d'inspection et de surveillance destinées à assurer l'exécution des lois.

( 2 ) Espr. des L., liv. XIV et XVII.

�� �