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Les Exploits d’Iberville

Le premier quart du jour, à bord d’un vaisseau, celui de quatre heures du matin à huit heures, est le quart du lavage, de l’astiquage, du branle-bas général de propreté. Tout était donc en mouvement sur le pont du Pélican.

C’était un joli navire que le Pélican, du plus fin modèle qui eût jamais occupé les chantiers de construction en France. On devinait au premier coup d’œil, quelle devait être la supériorité de sa marche. Il portait fièrement ses cinquante canons, dont les gueules menaçantes se détachaient en noir sur sa ceinture rouge, et il s’inclinait gracieux pour glisser sur les vagues, bondissant sur la plaine humide comme un jeune cheval sur un champ de course.

Dans l’automne de 1696[1], quatre vaisseaux anglais et une galiote à bombes s’étaient emparés du fort Bourbon, dans la Baie d’Hudson. Deux bâtiments français, commandés, l’un par Sérigny, l’autre par la Motte-Aigron, étaient arrivés au moment où les Anglais se préparaient à l’attaque du fort, mais avaient dû se retirer devant des forces supérieures.

Le sieur La Forêt, qui commandait, essaya de se défendre ; son enseigne, le sieur Jérémie, embusqué avec quarante fusiliers derrières les buissons, fit des déchargés si fréquentes sur les chaloupes qui voulaient aborder, qu’il les contraignit de s’éloigner. Alors, à bord de la galiote, on commença à lancer des bombes ; il en tomba une vingtaine dans le fort

  1. Ferland.