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Les Exploits d’Iberville

ici pour souffrir à ce point. Laissez-moi en sortir sans trouble comme sans reproche. Je ne verrai jamais M. Lewis, voilà tout ce que je peux promettre. S’il doit me suivre…

— N’en doutez pas ! Mon Dieu, parlez plus bas ! Si quelqu’un vous entendait !… Et s’il vous suit, que ferez-vous ?

— Je ne m’exposerai pas à être suivie. Veuillez me permettre d’arranger ceci selon ma prudence. Demain matin, je reviendrai prendre congé de vous, madame.

Et la jeune fille se dirigea vers la porte. Madame Glen n’osa pas ajouter un mot pour la retenir. Elle la sentait irritée et blessée. Elle se reprochait d’avoir laissé trop voir qu’elle avait deviné ses prétendus rêves d’ambition. « Elle va se calmer, faire ses plans, se dit-elle, et quand elle reviendra me les soumettre, je lui persuaderai de s’en rapporter aux miens et de rester quelque temps encore. »

Elle reverrait son fils le soir et lui dirait qu’elle avait tâté les dispositions d’Yvonne à son égard et qu’elle l’avait trouvée froide pour lui. Elle éviterait pendant quelques jours une explication décisive, elle gagnerait du temps, et Yvonne achèverait de décourager elle-même le jeune homme avec prudence et douceur.