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fices, accompagnés de dakṣîṇas : tout cela n’égale pas la seizième partie de ce que l’on obtient par la naissance d’un fils. Les mérites acquis, ô Bhiṣma, par des vœux et des jeûnes innombrables demeurent stériles, si l’on n’a pas de fils »[1].

Cette doctrine, qui parait ici pour la première fois, dans le Mahâbhârata, deviendra de plus en plus commune. Elle donnera naissance à l’enfer Put, le partage de ceux qui meurent sans progéniture masculine, et au nom sous lequel on désignera désormais un fils : « libérateur du Put put-tra ou putra ». Le fils sauve de l’enfer mais non de la mort qui est inévitable, le Parvan nous l’a appris.

Vâsudeva disait :

« Nous ignorons quand viendra la mort, si ce sera le jour ou la nuit. Nous n’avons pas entendu dire qu’il suffisait de ne pas affronter les hasards de la guerre pour devenir immortel »[2].

Par conséquent, il ne faut pas craindre un sort que l’on ne peut éviter, mais accomplir son devoir, coûte que coûte. Celui qui parle ainsi, c’est Viṣṇu incarné, Vâsudeva ou Kṛṣṇa.

Dans Homère Sarpédon dit à Glaucus pour le décider à combattre au premier rang :

« Mon ami, si nous devions, en fuyant le combat, nous dérober par là-même à la vieillesse et à la mort, moi tout le premier j’éviterais la mêlée et je ne te pousserais pas à la guerre qui procure la renommée, mais puisque les Parques nous menacent de la mort de dix mille façons, et qu’il est impossible au mortel de les fuir, de leur échapper, en avant ! nous serons pour d’autres une occasion

  1. XLI, 27 et 28.
  2. XVII, 2.