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insolente de ses hôtes ; il la jugea particulièrement inconvenante pour des Brahmanes. Mais Kṛṣṇa se fit enfin connaître et il apprit au roi de Magadha qu’il n’avait pas affaire à des Brahmanes, mais à trois guerriers qui le provoquaient au combat. Jarâsañdha répondit qu’il acceptait de se mesurer avec lui et ses amis, seul à seul ou avec tous les trois ensemble. Il commença par ordonner le sacre de Sahadeva son fils[1], puis il se mit à la disposition de Kṛṣṇa et de ses deux amis.

Kṛṣṇa dit au prince de désigner lui-même celui d’entre eux avec qui tout d’abord il désirait se mesurer. Jarâsandha choisit Bhîma dont il connaissait la force pour en avoir, sans doute, entendu parler souvent, « Bhîma, dit-il, c’est avec toi que je me battrai, il vaut mieux être vaincu par un (héros vraiment) supérieur »[2].

Les deux guerriers, avant d’engager la lutte, implorèrent l’assistance des Dieux par l’intermédiaire, Jarâsañdha d’un Brahmane et Bhîmasena de Kṛṣṇa. Ils étaient d’ailleurs dignes l’un de l’autre. Le poète se complaît à décrire ou plutôt à indiquer les divers modes de lutte qu’ils employèrent ; le pṛṣṭhubhañga, la sam̃pûrṇamûrcchâ, le pûrṇakum̃bhu[3], termes techniques expliqués plus ou moins clairement par la glose et qui ne sauraient intéresser que les amateurs de pugilat. Le duel, commencé le premier jour du mois kârtika[4], durait encore, sans, interruption, le treizième, lorsque Jarâsañdha, se sentant fatigué, les deux champions convinrent d’une trêve, sur la proposition de Kṛṣṇa[5]. Lorsque le combat reprit,

  1. XXII, 31.
  2. XXIII, 7.
  3. Id. 19.
  4. Le douzième mois de l’année hindoue ; il correspond à une partie de l’automne.
  5. Id. 29 et seq.