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Il subjugua tous les rois Mlecchas[1] ; nul ne put se soustraire au joug.

Sahadeva besognait de son mieux également. Parmi les adversaires qu’il rencontra sur son chemin se trouvait Nîla, le roi de Mâhiṣmatǐ dont Agni lui-même prit la défense[2]. Agni était uni à la fille du monarque[3]. Une bataille acharnée s’engagea entre les troupes de Sahadeva et celles de Nîla. Grâce à l’assistance du dieu, ce dernier put résister victorieusement au Pâṇḍava qui, voyant ses soldats environnés par les flammes et sur le point de plier, implora le même Agni, après s’être purifié avec de l’eau[4]. Nous avons reproduit plus haut sa prière. Pâvaka se déclara satisfait. « Ô toi qui portes les offrandes (aux Dieux) ; il ne te convient pas d’empêcher ce sacrifice »[5], lui avait dit le héros, et, jonchant le sol d’herbes kuças, il s’était assis par terre, devant le front de son armée que l’incendie envahissant terrorisait[6]. Agni s’arrêta devant cette barrière sainte. Il rassura Sahadeva, tout en lui notifiant qu’il ne pourrait jamais soumettre Nîla par force, non plus que personne de sa famille, car il était son protecteur attitré. Mais, afin de ne point contrarier les vues du Pâṇḍava, il décida Nîla à lui rendre librement hommage et à lui payer un tribut volontaire[7]. Après quoi Sahadeva courut à des conquêtes plus faciles, en s’attaquant à des monarques toujours puissants, il est vrai, mais qu’aucun dieu ne protégeait.

  1. XXX, 25.
  2. XXXI, 23.
  3. Id. 28.
  4. Id. 41 et seq.
  5. Le Râjasûya.
  6. 51 et seq.
  7. XXXI, 58 et seq.