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La configuration et la situation géographique de l’Inde expliquent cette phrase.

Parmi les peuples qui vinrent offrir à Yudhiṣṭhira des gages de soumission citons encore les Tuṣâras, les Kañkas, les Romaças, gens cornus[1].

Quelques uns lui apportèrent des monceaux d’or, extraits du sol par des fourmis (pipîlakas) ; pour cette raison, cet or se nomme pipîlika[2]. C’étaient les Khasas, les Ekâsanas, les Arhas, les Pradaras, les Dîrghaveṇus, les Pâradas, les Kulindas, les Tañganas, etc. qui habitaient dans la vallée située entre le Meru et le Mandara, sur les bords ravissants de la Çailodâ[3].

Hérodote signale des Indiens septentrionaux qui vivent dans le voisinage de la ville de Kaspatyre et de la Pactyice. Ce sont des chercheurs d’or. Ils se rendent dans un désert qui s’étend non loin de leur pays et qui est couvert de buttes provenant du sable que rejettent, pour se creuser leurs retraites, des fourmis dont la grosseur tient le milieu entre le chien et le renard. Le bon Hérodote ne doute nullement de l’existence de ces fourmis géantes ; il va jusqu’à dire que, de son temps, le roi de Perse en avait plusieurs spécimens dans sa ménagerie, et s’attarde à décrire la façon dont les Indiens s’emparent de l’or qui abonde dans le sable ainsi rejeté par ces monstres[4].

Ce rapprochement nous prouve avec quel soin le père de l’Histoire recueillait les traditions. Sa fidélité à les transcrire n’eut d’égale que sa crédulité ; de là l’intérêt de ses œuvres et leur charme spécial.

  1. çṛñgino narâh. LI, 30.
  2. LII, 4.
  3. LII, 2 et seq.
  4. Her. Hist. lib. III (θἀλεια) cap. CII et seq.