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Le terme saascrit sâm̃bañdhika doit s’entendre des unions matrimoniales et de la parenté qui en résulte. D’après ce passage, les rois n’exigeaient point de tributs de ceux qui leur étaient alliés par des mariages, non plus que de leurs amis. La femme servait ainsi de trait d’union, non seulement entre les familles, mais entre les peuples mêmes ; nous pouvons deviner par ce seul trait l’importance sociale de son rôle. Du reste, les Hindous ne méconnurent jamais la dignité de l’épouse, bien qu’ils eurent pour maxime qu’une femme ne doit point s’appartenir. Durant son enfance et sa jeunesse, c’est-à-dire jusqu’à son mariage, elle est sous la tutelle de son père ; mariée, elle vit sous la tutelle de son mari et si elle survit à ce dernier, sous celle de ses fils où elle demeure jusqu’à sa mort[1].

La polygamie se rencontre fréquemment dans les vieilles traditions de l’Inde ; ce qui est plus rare, sans être inouï cependant, c’est la polyandrie. Le plus illustre exemple nous est fourni par Draupadî, l’épouse commune des Pâṇḍavas. La nature cependant répugne à ce mode d’union que la divinité reprouvait formellement, d’après Karṇa, le fils de Râdhâ :

« Les Dieux, disait-il un jour, ont décrété qu’une femme n’aurait qu’un mari »[2].

Les jeunes filles, nous l’avons vu précédemment, avaient le droit de se choisir leur époux, du moins quelquefois, car il est probable que cela n’était pas la règle générale et que le père disposait d’elle à son gré. Du reste, les unions étaient stables. Il y eut exception toutefois en

  1. Bergaigne, stance 156. Cf. Anuçâsana — P. XLVI, 14.
  2. LXVIII, 35.