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Nârada félicita d’ailleurs Yudhiṣṭhira de sa magnifique Sabbâ ; il n’en avait point vu de pareille chez les hommes, ni ouï dire qu’il s en fût jamais trouvé de comparable[1]. Il lui parla des Sabhâs divines qu’il avait connues autrefois, celles d’Indra, de Yama, de Varuṇa, de Kuvera, etc., et il les lui dépeignit en détails. Leur description est fort curieuse et mériterait, peut-être, une étude spéciale[2]. Dans la Sabbâ de Yama, œuvre de Viçvakarman[3], le chagrin, la vieillesse, la faim et la soif, etc. sont choses inconnues[4]. On y goûte toutes les joies, l’on y savoure tous les plaisirs. Toutefois la Sabhâ de Brahmâ est la première parmi les Dieux, comme celle de Yudhiṣṭhira la première parmi les hommes[5].

Yudhiṣṭhira, lorsque Nârada lui eut décrit les Sabhâs divines, s’informa auprès de l’illustre ascète de ce qui avait valu au royal Ṛṣi, Hariçcandra, d’habiter, seul parmi les rois, la Sabbâ d’Indra.

Nârada lui apprit que ce privilège unique lui avait été accordé à cause du Râjasûya, du sacrifice royal, qu’il avait offert autrefois et qui lui avait mérité la suprématie sur tous les autres monarques[6]. Dès lors, si Yudhiṣṭhira ou tout autre aspirait à une destinée aussi brillante, il savait le chemin : celui du sacrifice royal. Nârada cependant mit le Pâṇḍava en garde contre les obstacles et les ennemis qu’il pouvait avoir à combattre.

« Ce sacrifice, ô prince, réputé le (plus) grand (de tous), est environné de dangers. Les Brahmarâkṣasas[7], des-

  1. VI, 10 et seq.
  2. VII et seq.
  3. Autre architecte céleste.
  4. VIII, 4.
  5. XI, 61.
  6. XII, 6 et seq.
  7. Classe spéciale de Râkṣasas.