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tructeurs de sacrifices, s’efforcent de trouver des lacunes dans le (Râjasûya)[1].

La moindre imperfection, le plus léger défaut peut entraîner les conséquences les plus désastreuses. Il est donc de la plus grande importance d’offrir un sacrifice irréprochable. Ainsi qu’on l'a souvent constaté déjà, il ne s’agit que de fautes liturgiques. En insistant avec tant d’acharnement, s’il est permis de parler ainsi, sur la nécessité d’accomplir dans tous leurs détails les mille et une prescriptions du rituel, les Brahmanes, qui seuls les prétendaient connaître, rendaient leur ministère indispensable, eux seuls savaient combler les lacunes redoutables, ou mieux, les empêcher de se produire.

Sahadeva, dans un hymne en l'honneur d’Agni, s’exprimait en ces termes :

« Ô toi dont le sentier est noir, tu es la bouche des Dieux, tu es le sacrifice etc. »[2].

Il s’appelle la porte du ciel, le tueur des péchés ; il le conjure de ne point mettre obstacle au sacrifice, lui, le porteur des offrandes. Lorsque la flamme s’élevait du bûcher et consumait l’hostie, celle-ci était censée portée aux Dieux par Agni. La colonne de fumée qui s’élançait en tourbillonnant dans les airs, c’était le sentier noir qu’il prenait pour monter au ciel, afin d’y remplir la mission qui lui était confiée. On suppliait Agni de ne point trahir la confiance des fidèles et de s’acquitter fidèlement de son devoir. Lorsque le feu tardait à s’allumer ou qu’il s’éteignait, avant d’avoir entièrement consumé l’offrande, c’est qu’Agni était irrité, mais on évitait le plus habituel-

  1. Ce qui constitue ces lacunes ou ces vides, ces trous, ce sont les fautes liturgiques. — Id. 29.
  2. XXXI, 41 et seq.