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I.

DIEU.


Nârâyaṇa ou Viṣṇu est le dieu principal du Sabhâ. Il dit un jour aux autres dieux : « Prenez naissance sur la terre, tuez-vous les uns les autres, et vous remonterez de rechef au ciel »[1].

Nous voyons, dans Homère, Jupiter autoriser aussi les Dieux, sinon à naître, du moins à descendre sur la terre, afin de prendre part aux combats que Grecs et Troyens se livrent sous les murs de Troie ; il ne leur permet pas cependant de s’entre-tuer, mais bien de s’entre-blesser ou même de se faire blesser par les hommes, par de simples mortels. C’est ainsi que Minerve terrasse Mars et Vénus, que Junon soufflette Diane, etc.[2]. Précédemment, le poète raconte comment Diomède blessa Vénus dans la mêlée[3]. Nârâyaṇa prêcha d’exemple. Il s’incarna lui-même dans la famille des Yadus et se mêla aux querelles des hommes. Ce fut Kṛṣṇa. Il devait périr de la main du chasseur Jaras qui, de loin, l’avait pris pour une gazelle[4].

Vaiçampâyana le dit « né du plaisir », et le déclare « invisible même aux savants »[5].

Dans le Bhâgavata, le même Kṛṣṇa est qualifié d’être insondable, de Dieu caché[6]. Isaïe dit à Jahve : « Tu es Deus absconditus »[7].

  1. XXXVI, 15.
  2. Cf. Iliade XX, XXI.
  3. Id. v. 335 et suiv.
  4. Mausala — P. IV. — Cf. Bhâgavata P. II. XXX. 32, 39.
  5. XIII, 37.
  6. XXXVII, 11 et 12.
  7. Is. XLV, 15.