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Bhûliñga[1]. Il revient sur ce sujet, pour achever de le confondre, du moins il le croyait.

« Un oiseau, appelé Bhûliñga, vivait sur le versant opposé de l’Himavat. On l’entendait toujours tenir un langage que sa conduite démentait. Point d’imprudence, répétait-il sans cesse. Et lui-même, sans le savoir, était d’une témérité extrême. En effet, quand un lion prenait son repas, cet oiseau à petite cervelle allait lui arracher les bribes de viande qui lui restaient entre les dents. De la sorte sa vie était à la discrétion du lion »[2].

De même Bhîṣma commettait sans cesse les imprudences qu’il blâmait dans les autres. Çiçupâla ajoute :

« Tu n’existes certainement que par le bon plaisir des rois. Ta conduite est contraire à celle des autres ; non, personne ne te ressemble »[3].

Duryodhana était le cousin, mais non l’ami des Pâṇḍavas. Il racontait, un jour, à son père ce qui lui était arrivé dans leur palais merveilleux, construit par Maya[4]. Étant entré dans une vaste salle, le parquet fait de cristal lui parut une pièce d’eau. Il releva ses vêtements pour le traverser, à la grande hilarité des Pâṇḍavas. Bientôt, il rencontra une pièce d’eau véritable qu’il prit, cette fois, pour un parquet de cristal. Il tomba et mouilla ses vêtements. Ses cousins, Bhîma surtout et Arjuna, sans parler de Draupadî, éclatèrent de rire. Un moment après, croyant trouver une issue pour sortir, il se heurta rudement contre la cloison, pendant que l’assistance, mise en gaîté

  1. Id. 18. Le Bhûliñga est un oiseau moraliste, comme le cygne de tout à l’heure ; mais on ignore l’espèce à laquelle il appartient.
  2. XLIV, 27 et seq.
  3. Id. 32.
  4. Cf. Bhâg. Pur. 10, LXXV, 37 et 38.