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Duryodhana s’entendra dès lors avec son père, afin de proposer à Yudhiṣṭhira une partie de dés : Çakuni jouera à sa place, à lui Duryodhana, et il aura bientôt fait de gagner au Pâṇḍava son royaume et tout ce qu’il possède.

Sans tarder, Duryodhana confia ce plan au vieux roi, son père. Celui-ci qui avait un fonds de loyauté dont son fils ne devait jamais hériter, ne l’approuva point, bien que ce dernier employât tous les artifices du langage pour le convaincre des avantages qui en résulteraient pour lui et sa famille, et si Dhṛtarâṣṭra le laissa enfin libre d’agir, suivant son bon plaisir, ce ne fut pas sans lui prédire les affreux malheurs qu’il attirerait sur lui et les siens, loin de leur procurer la félicité, comme il venait de le lui affirmer impudemment[1].

Cependant Çakuni s’en alla défier aux dés Yudhiṣṭhira qui, parait-il, n’aimait pas le jeu au point de s’aveugler sur son côté immoral.

« Les dés sont indignes des braves Kṣatriyas », disait-il[2]. Ce qui ne l’empêcha point de relever le défi que lui portait le roi du Gandhâra, au nom de Duryodhana.

Tous les rois, Dhṛtarâṣṭra en tête, prirent place sur des sièges pour assister au fameux match. Yudhiṣṭhira, entouré de ses frères, mit, comme premier enjeu, les bijoux précieux issus autrefois du barattement de la mer de lait. De son côté, Duryodhana, son vrai partner, puisque Çakuni jouait à sa place et en son nom, engagea ses diamants, ses perles, tous ses trésors. Çakuni prit les dés, les retourna. « Gagné » dit-il[3].

Yudhiṣṭhira, tout en reprochant à Çakuni sa mauvaise

  1. LVI, 11 et seq.
  2. LIX, 5.
  3. LX.