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et, quand le panier fut vide, Whirligig désigna d’un geste orgueilleux une haute tour artistement crénelée, semblant faire partie de quelque vieille façade dont un coin seul apparaissait comme un décor.

Avec une foule de dominos pris à brassées dans le second panier, le clown voulut construire ensuite, à l’extrémité droite de la scène, une sorte de mur en équilibre.

Les rectangles uniformes, placés sur une seule épaisseur, se superposaient symétriquement, présentant maints revers noirs mélangés de faces blanches plus ou moins mouchetées.

Bientôt un large pan, dressé suivant une verticale absolument parfaite, montra, sur un fond blanc, la silhouette noire d’un prêtre en longue soutane, coiffé du chapeau traditionnel ; tantôt couchés, tantôt debout selon le besoin des contours, les dominos, enfantant seuls le dessin par l’habile alternance de leurs côtés, semblaient soudés ensemble par leurs bords étroits, grâce à la précision apportée dans le travail.

Whirligig, continuant ainsi sans mortier ni truelle, acheva en quelques minutes un mur long de trois mètres, qui, s’éloignant vers le fond de la scène dans une direction légèrement oblique, engendrait un bloc rigoureusement homogène.