Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/231

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se levant à son tour, porta un toast en l’honneur de Séil-kor, qui fut un instant le roi du banquet.

Après goûter, le bal continua. Séil-kor et Nina valsèrent ensemble, puis, fatigués par plusieurs grands tours, s’arrêtèrent soudain près de Mme Laubé, qui, debout et tranquille, contemplait avec délices la belle joie enfantine dont elle se sentait environnée.

En voyant sa fille s’approcher d’elle avec son compagnon, l’excellente femme, reconnaissante pour toutes les attentions de Séil-kor, se tourna en souriant vers le jeune nègre, et dit d’une voix douce, en lui montrant Nina : « Embrasse-la ! »

Séil-kor, pris de vertige, entoura son amie de ses bras et déposa sur ses joues fraîches deux chastes baisers qui le laissèrent ivre et chancelant.

Après cette solennité presque intime, Laubé, remis de ses fatigues par son séjour à Tripoli, résolut de regagner la France. L’explorateur possédait dans les Pyrénées, près d’un village nommé Port-d’Oo, un petit château familial dont il prisait fort le calme et l’isolement. Il serait bien là pour rédiger, à l’aide de ses notes, une relation détaillée de son voyage.

Le départ fut fixé sans délai. Après une belle traversée, Laubé et les siens débarquèrent à Marseille, où ils prirent le train pour Port-d’Oo.