Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/237

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mains l’une contre l’autre pour remplacer la résonance rythmique du tambour de basque, et prolongeant les joyeux ébats sans souci de la fatigue ni de l’essoufflement. Soudain, arrêtés en complète effervescence par la cloche du goûter, les deux danseurs quittèrent la remise pour rentrer au château.

Le temps s’était refroidi avec le crépuscule hâtif, et une sorte de neige fondue, pénétrante et glacée, tombait lentement du ciel opaque.

Mise en nage par la danse délirante et prolongée, Nina fut prise d’un frisson terrible, qui cessa dans la salle à manger, où flambait le premier feu de la saison.

Le lendemain, l’étincelant soleil avait reparu, éclairant une de ces dernières journées translucides et pures qui précèdent chaque année la venue de l’hiver. Voulant profiter de cette après-midi sereine qui marquait peut-être l’adieu suprême du beau temps, Séil-kor proposa joyeusement à Nina une grande promenade en forêt.

La fillette, brûlante de fièvre, mais se croyant seulement en proie à un malaise passager, accepta l’offre de son ami et se mit en route à son côté. Séil-kor portait un goûter copieux dans un large panier qui se balançait à son bras.

Après une heure de course en pleins bois, les deux enfants se trouvèrent devant un inextricable