Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/240

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Dans le ciel dégagé, les étoiles jetaient leurs feux les plus brillants. Nina savait s’orienter ; elle montra du doigt l’étoile polaire, et les deux enfants, suivant dès lors une direction invariable, atteignirent au bout d’une heure la lisière du Maquis ; une nouvelle étape les conduisit jusqu’au château, où la fillette tomba dans les bras de ses parents, pâles d’angoisse et de frayeur.

Le lendemain, voulant lutter encore contre la maladie qui progressait rapidement, Nina se leva comme de coutume et passa dans la salle d’étude, où Séil-kor rédigeait un devoir français prescrit par Laubé.

Depuis son retour d’Afrique, la fillette suivait le catéchisme à l’église du village ; elle devait, ce matin-là, terminer une analyse destinée à être remise le jour suivant.

Une demi-heure d’application lui suffit pour achever sa tâche et atteindre la résolution finale.

Ayant écrit les premiers mots : « Je prends la résolution… » elle s’était retournée vers Séil-kor en demandant conseil pour la suite, quand une terrible quinte de toux la secoua tout entière, provoquant des râles douloureux et profonds.

Séil-kor épouvanté s’approcha de la malade, qui entre deux spasmes lui avoua tout : le frisson éprouvé à la sortie de la remise ― et la fièvre qui, n’ayant pas cessé depuis la veille, s’était certainement