Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/348

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son vice ne s’était jusqu’alors offerte à lui.

Ivre de joie, serrant la mâchoire pour arrêter ses dents prêtes à claquer, il fit quelques pas en chancelant sur ses jambes tremblantes, la poitrine martelée par de sourds battements de cœur qui lui coupaient la respiration.

Secondé par l’intérêt du spectacle sanglant qui captivait tous les esprits, le cleptomane put exercer son art en toute liberté, explorant avec un doigté sans pareil les poches taillées dans la toile bleue ou dans le velours à côtes.

Menues monnaies, montres grossières, blagues à tabac et babioles de toutes sortes venaient s’engloutir sans cesse au fond d’immenses cavités intérieures que le prince avait fait ouvrir dans son luxueux paletot de fourrure.

Soudain plusieurs agents, attirés par la rixe, foncèrent sur le groupe et saisirent les deux combattants, qu’ils emmenèrent au poste en même temps que le prince, dont le manège ne leur avait pas échappé.

Une perquisition faite au palais Savellini exhiba les innombrables larcins du pauvre maniaque.

Le lendemain un affreux scandale éclata dans les journaux, et le noble cleptomane devint la fable de toute l’Italie.

Aidé par Chènevillot, qui promit son concours