Page:Roussel - Impressions d Afrique (1910).djvu/393

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À la fin, multipliant les difficultés, il ficela une longue brindille à chacun de ses dix doigts et put apprendre au ver maintes acrobaties polyphoniques généralement exclues de son répertoire.

Sûr désormais de pouvoir exhiber l’étonnant reptile, Skarioffszky rechercha divers perfectionnements capables d’améliorer l’appareil dans son ensemble.

Sur sa prière, Chènevillot remplaça par une double monture métallique, fixée au support même de la cithare, les deux branches fourchues qui jusqu’alors soutenaient le récipient de mica.

En outre un feutrage partiel garnissant l’instrument fut destiné à doucement amortir le choc retentissant des pesantes gouttes d’eau.

Pour éviter l’inondation de la place des Trophées, une terrine à canal feutré devait recueillir la mince cascade échappée de la cithare.

Ces apprêts terminés, Skarioffszky paracheva l’éducation du ver, qui chaque jour, aux premiers sons de la cithare, sortait promptement de l’épaisse rivière, dans laquelle le Hongrois s’empressait de le replonger lui-même à la fin du travail.