Page:Routhier - De Québec à Victoria, 1893.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Mais je ne puis vous dissimuler ma confusion et ma peine de recevoir tant de grandeurs dans ma pauvreté, et je suis tenté de vous demander, comme le Divin Maitre à ceux qui étaient allés saluer le saint Précurseur au Désert : Quid existis videre ? Qu’êtes-vous donc venus voir ici ?

« Évêque sans église, et prince sans palais, je ne puis vous offrir que la modeste chapelle de l’apôtre et l’humble toit du missionnaire. Mais pourquoi rougirais-je de la pauvreté de mon épouse, quand la sainte pauvreté fut le vêtement de gloire de notre Rédempteur, l’héritage des apôtres, et le levier puissant de l’évangélisation apostolique ?

« D’ailleurs, il est un sentiment qui absorbe tous les autres en un jour comme celui-ci. C’est le bonheur de vous voir au milieu de nous, vénérés seigneurs, et vous surtout bien-aimé métropolitain, dont le nom est si populaire parmi les peuplades de ces immenses contrées.

« C’est bien vous, Monseigneur, qui, avec le vénérable évêque des Trois-Rivières, avez eu au printemps de votre carrière apostolique l’honneur et le mérite de répandre la semence de la foi dans les diverses missions de ce vicariat de Prince-Albert. En vous rendant ici traînés par la vapeur, vous reconnaissez après quarante ans la rivière et le sentier que votre pirogue et vos