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part de la divinité était entièrement brûlée ; mais l’autre partie était mangée par les prêtres et les fidèles. Dieux et fidèles étaient présumés prendre part au même banquet, et s’unir dans la participation au même sacrifice et à la même nourriture. C’était ce qu’on appelait un sacrifice de communion, dit M. Robert Smith, dans un article de l’Encyclopédie Britannique. Selon les croyances antiques, l’homme est parent des dieux, et le sacrifice-communion rétablissait l’alliance entre eux par le sang. (Études de mythologie et d’histoire, par M. Toutain, p. 151.)

Ce culte sacrificiel était-il une invention du génie humain ? Ou avait-il été l’objet de la révélation primitive ?

Il y a toute raison de croire qu’il fut révélé de Dieu lui-même aux hommes, dès l’origine, puisque l’histoire des sacrifices commence avec les fils d’Adam, et qu’Abel voit ses offrandes agréées de Dieu. Elle se continue, cette histoire, avec Noé, Melchisédech, Abraham, Jacob et la longue suite de leurs descendants, chez les Juifs.

Il est également vrai au point de vue historique, que ce culte révélé se propagea chez tous les peuples de l’antiquité, et notamment chez les Indiens, les Perses, les Égyptiens, les Grecs et les Romains. Chez les Perses on offrait à la fois au dieu Ormuzd du pain et de la chair et on y buvait après consécration, la sève d’un arbre qu’on appelait « l’arbre de vie, » et qui préservait de la mort.

Quel était le mérite de ces sacrifices ? Il est évident que les plus méritoires étaient ceux qu’on offrait comme symbole du suprême sacrifice qui devait racheter le monde, et dont la victime devait être le Rédempteur futur que tous les peuples attendaient. Or, ne l’oublions pas, il y avait dans ces sacrifices cultuels une manducation réelle de la chair des victimes consacrées à la Divinité, c’est-à-dire une communion symbolique qui entretenait la vie Surnaturelle de l’âme avec Dieu, en même temps qu’un sacrifice qui expiait les péchés.

Mais évidemment, ces sacrifices expiatoires et ces communions symboliques étaient frappés d’imperfection, et la vie surnaturelle de l’âme humaine dépérissait. C’est pourquoi, le jour vint où Jéhovah fit savoir aux juifs par la voix des prophètes qu’il ne voulait plus de leurs sacrifices, et l’Homme-Dieu apparut montant au Calvaire, et portant sur ses épaules le véritable arbre de vie dont le fruit divin serait l’aliment surnaturel des âmes.

Désormais les sacrifices figuratifs sont finis, et c’est le Fils de Dieu qui sera la victime auguste dont le sang lavera les péchés du monde, et dont le corps sacré donné en nourriture à l’âme humaine lui conservera la vie pour l’éternité. C’est le dernier perfectionnement de l’alimentation surnaturelle. C’est le couronnement de tous les miracles d’amour et de puissance accomplis par Dieu pour le salut de l’homme.


IV


Vous savez comment Jésus-Christ institua cette merveille des merveilles, que l’on appelle Eucharistie ; et vous connaissez ces paroles vrai-