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LE CENTURION

ÔO deuil ! Inénarrable malheur ! Le grand consolateur de toutes les infortunes, le grand guérisseur de toutes les infirmités, l’incomparable orateur dont la parole éclipsait tout ce que l’esprit humain a jamais produit de beau, le vainqueur de la mort, est mort !

Comprenez-vous cela, mère ? Il est mort, celui qui avait ressuscité Lazare ! Il est mort, celui qui commandait aux vents, aux tempêtes, à la mer, aux démons !

Et quand je pense, ô ma mère, que c’est Pilatus, le mari de ma chère sœur Claudia, qui a ratifié la sentence du sacerdoce, et qui l’a fait exécuter ! Quelle faiblesse indigne ! Il proclamait Jésus innocent, et il l’a fait mourir !

Ah ! je comprends son trouble. Il n’osait plus nous regarder en face, et il est parti pour Césarée en pleine nuit, furieux contre les princes des prêtres qui lui ont arraché l’inique sentence, et maudissant avec toutes sortes d’imprécations ce peuple infâme et stupide qui lui criait : « Crucifiez-le ». Il est parti à cheval, accompagné d’une escorte, sans vouloir attendre que le jour renaisse. Il ne pouvait plus supporter la vue de Jérusalem et de son horrible peuple !

Et mon noble Caïus l’accompagne, il commande l’escorte. Lui aussi, je le pleure, car il est perdu pour moi !

Mon bien-aimé, mon unique, est pour moi comme s’il était mort. Car il s’est déclaré disciple de