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LE CENTURION

Jésus, et mon père lui a interdit toute relation avec moi.

Ô mère, qu’elle sera heureuse la Femme qui pourra devenir à la fois disciple de Jésus et épouse de Caïus !

Vous savez quelle admiration il avait pour moi, et quel amour il m’avait voué ? Mais il y avait un homme qu’il admirait plus que moi, et qui méritait bien mieux son amour ; c’était le prophète de Nazareth. De loin, et sans le lui avoir jamais dit, il se sentait attiré vers lui, et il l’aimait !

Or, savez-vous à quel moment mon noble Caïus a proclamé sa foi ? C’est quand il a vu le prophète trahi et abandonné par ceux mêmes qu’il avait choisis, honni, méprisé, bafoué par la foule, accusé et condamné par le Sanhédrin et par le gouverneur ! C’est alors que son noble cœur s’est révolté contre tant d’injustice ! C’est quand il a vu son héros, si puissant la veille, réduit à l’impuissance, et rendant le dernier soupir ! C’est quand il a vu mourir en même temps toutes les espérances et tous les dévouements des amis de la veille, qu’il a affirmé sa croyance.

Debout devant la croix, en face des insulteurs et des lâches, il a salué de son épée le grand vaincu et il s’est écrié : Cet homme était vraiment le Fils de Dieu.

Ô ma mère, si Caïus est dans l’erreur, cette erreur est plus belle que la vérité.