Page:Routhier - Québec et Lévis à l'aurore du XXe siècle, 1900.djvu/11

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INTRODUCTION

par eau, du nord et du sud ; il faut y entrer, en sortir, et rentrer tantôt par une porte, tantôt par une autre ; il faut circuler dans ses rues, un peu en voiture, mais surtout a pied, s'arrêter à tous les coins, et plonger ses regards dans les rues transversales ; car toutes sont autant de portes ouvertes sur des perspectives nouvelles, les unes sur la campagne, les autres sur le fleuve, celles-ci sur des faubourgs ou des quais, celles-là sur les vallées et les montagnes environnantes.

Il faut faire des courses aux alentours, en bateau, en chemin de fer, en voiture, non seulement le jour, mais aussi la nuit. Il faut visiter les remparts à cause des points de vue qu’ils offrent, la citadelle qui est une merveille, les édifices publics, les hôpitaux, les églises, les couvents et l’université.

Il faut s’arrêter devant les vieux murs, et les faire parler, flâner sur les places publiques, dans les jardins, et sur l’incomparable terrasse Dufferin. C’est là surtout que toute promenade archéo logique ou sentimentale doit commencer et finir, car c’est l’endroit propice à la rêverie, aux méditations poétiques, à l’inspiration, au culte des grands souvenirs.

C’est là que le touriste se sent peu à peu envahir par le charme inconnu dont les effluves flottent dans l’air du soir. Cet enchantement est irrésistible, et plus on prolonge son séjour à Québec, plus il grandit.

Celui qui a connu et aimé Québec ne l’oublie jamais. Les caractères de la vieille ville se gravent dans sa mémoire, comme une lithographie sur le papier. Rien ne peut plus effacer ce souvenir, et il demeure si distinct qu’il ne se confond jamais avec celui d’une autre ville.

Redire sa dramatique histoire et ses légendes, ses infortunes et ses grandeurs, peindre les beautés et les charmes de sa pittoresque nature, faire parler les lieux où elle subsiste depuis trois siècles, interroger les pierres de ses monuments et de ses ruines, voilà le travail qu’on m’a confié, et je le commence avec amour, plein d’admiration et d’enthousiasme pour mon sujet.