Page:Routhier - Québec et Lévis à l'aurore du XXe siècle, 1900.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quand on cherche des termes de comparaison pour peindre Québec, on nomme les villes les plus pittoresques du monde : Edimbourg, Gibraltar, Alger, Naples et Constantinople.

Mais toutes ces villes, différentes les unes des autres, n’ont que quelques points de ressemblance avec Québec ; et, tout considéré, elles lui sont inférieures au point de vue du pittoresque et des beautés naturelles — excepté, peut-être, Constantinople, que je n’ai pas vue.

Gibraltar est plus haut et plus formidable comme citadelle, mais entre les deux villes la supériorité de Québec est incontestable.

Le château fort d’Edimbourg rappelle bien notre forteresse ; mais il est beaucoup moins élevé, moins pittoresque, et il n’a pas le Saint-Laurent pour lui faire une ceinture.

Vu de la mer, Alger est une ville de rêve, éblouissante de lumière et de couleur, et sa Kasbah lui fait une couronne éclatante. Mais si Québec n’a pas le même éclat, ni la même richesse de coloris, il l’emporte sûrement par la variété de ses aspects, par la beauté et la grandeur de son cadre, et par la diversité de ses perspectives.

Naples soutient mieux la comparaison avec Québec, et l’on ne saurait la contempler, de la mer ou du château Saint-Elme, sans pousser des cris d’admiration. Mais chacune des deux villes a son genre particulier de beauté ; et, pour ma part, je proclame incomparable le tableau de Québec vu de la Pointe-Lévis, de l’île d’Orléans et de Charlesbourg ; et je trouve plus vivant, plus varié, plus intéressant sous tous les rapports le panorama qui s’offre aux regards du haut de la citadelle ou de la terrasse Dufferin.

Le trait caractéristique de Québec est d’être pittoresque. Il l’est tout entier, dans toutes ses parties, et de quelque côté qu’on le regarde. Mais son site est tel qu’il est impossible de l’embrasser intégralement dans une vue d’ensemble. Aucun artiste ne saurait le peindre en un seul tableau ; et, s’il en faisait une série, ce serait bien une galerie du pittoresque sous toutes ses formes, mais ce ne serait pas encore un tableau complet de l’étonnante cité.

Pour bien juger des beautés et de la diversité d’aspects de Québec, voici ce qu’il est indispensable de faire. Il faut en faire le tour, non pas une fois, mais plusieurs fois, et le parcourir en tous sens. Il faut y arriver de l’est et de l’ouest, par terre et