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dire les garçons pépiniéristes, exigez qu’ils ne coupent aucune racine ; que l’arbre soit tiré de terre avec tout son pivot ; & si votre arbre ne demeure pas long-tems en chemin, pour être transporté de la pépinière dans votre jardin, ne permettez à votre jardinier, sous quelque prétexte que ce soit, de rafraîchir les racines. Les seules racines meurtries, ou endommagées, exigent la serpette. Si, au contraire, l’arbre reste long-tems en route, faites tremper la racine dans l’eau pendant vingt-quatre heures ; détachez, en coupant net, seulement la partie desséchée, & plantez l’arbre tout de suite.

Cette manière d’enlever les arbres nécessite à plus de largeur & plus de profondeur aux trous qui doivent les recevoir. Il ne s’agit plus ici de faire creuser à la toise & à prix fait ; mais quelles doivent donc être leurs proportions ? La longueur & l’étendue des racines, & surtout du pivot, en décident. L’un & les autres doivent occuper le même espace, & être disposés comme ils l’étoient auparavant, afin que l’arbre ne s’apperçoive pas, pour ainsi dire, qu’il ait changé de place. Que de Lecteurs traiteront cette méthode d’exagération, de soins minutieux, d’augmentation dans la main-d’œuvre, & peut-être d’inutilité ! Je me contente de leur répondre : Faites l’expérience, & vous vous convaincrez par vous-mêmes. Essayez pour un arbre seulement, mis en comparaison avec un arbre dont le pivot & les racines auront été mutilés ; vous prononcerez alors avec connoissance de cause, parce que vous verrez que cet arbre profitera plus en trois ans, que l’autre dans l’espace de dix.

Si vous êtes amateur de la supérieure qualité du fruit, ne plantez jamais que des abricotiers à plein vent, & surtout ne les mutilez pas sous prétexte de les tailler. Laissez agir la nature, elle en fait plus que vous ; l’arbre formera de lui-même une belle tête ; il n’aura ni branche chiffonne, ni bois gourmand, & la feuille ne sera pas dans le cas de demander au jardinier la permission de passer au-delà de la feuille sa voisine, Les branches n’auront pas besoin d’être étayées, même dans les années de la plus grande abondance, parce que tout sera d’accord dans l’arbre, & la force des branches proportionnée à la quantité du fruit qu’elles doivent soutenir.

L’espace à donner pour les arbres à plein vent, est au moins de vingt-cinq pieds, si le terrain est bon ; les arbres nains ou à mi-tige, à vingt-quatre pieds, si le terrain est excellent ; à dix-huit, s’il est bon ; à neuf ou à douze, suivant sa médiocrité. C’est le plus grand de tous les abus, de planter à cinq ou six pieds de distance. On n’a jamais que des arbres chétifs & qui périssent promptement. Laissez toujours un pied de distance entre le mur & l’arbre que vous planterez ; cette précaution est aussi utile que nécessaire. La meilleure saison pour replanter est aussitôt après la chute des feuilles.

L’exposition la plus favorable pour l’espalier dans les provinces du nord, est le midi plein. Plus le fruit sera échauffé par les rayons du soleil,