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gers. Depuis Nevers jusqu’à Nantes, en suivant la Loire, on voit de droit & de gauche de riches côteaux chargés de vignes. Presque toute la pierre de ce bassin inférieur est calcaire ; elle se décompose aisément depuis Blois jusque dans l’Angoumois, en passant par Châtellerault ; elle se divise en feuillets plus ou moins épais, & on les nomme grouais. À Tours, ces bancs forment de larges & longues tables : on creuse les habitations par-dessous, & elles servent de toit. Ces habitations souterraines ne diffèrent de celles que l’on découvre le long de la Seine, depuis Rouleboise jusqu’à Rouen, qu’en ce qu’elles ont été taillées en plein dans la craie ; au lieu que les bancs de la Tourraine sont horizontaux, & non en masse, & souvent le banc de pierre dure repose sur un lit de terre ou de pierre plus tendre, & par conséquent facile à travailler. Entre Tours & Angers, on trouve ce dépôt immense de coquilles pulvérisées, connu sous le nom de falun en Tourraine, & de cran ou craon en Anjou.

Il ne faut pas passer sous silence le pays particulier de la triste Sologne. Le fond du terrain est presque partout glaiseux ; il retient l’eau, & multiplie les étangs, les mares ; & ces eaux stagnantes corrompent l’air dans l’été, causent des fièvres, &c. Cette couche glaiseuse est recouverte par une couche de sable, sec, infertile, dans lequel on rencontre souvent du fer semblable à celui que l’on trouve dans les landes, entre Anvers & le Mordick, dans le duché de Gueldres ; dans les landes de Bordeaux, où il est appellé alios. Quelquefois il s’y rencontre en masse, & le plus souvent divisé par parcelles. C’est une mine de fer très-pauvre. Ces dépôts ferrugineux sont-ils dus aux portions ferrugineuses chariées par les eaux, & aglommérées ensemble ? sont-ils formés par la décomposition des bruyères, qui en contiennent beaucoup, & qu’on retire sans peine & en assez grande quantité avec l’aimant, après les avoir calcinées & réduites en cendres ? ou bien les bruyères se multiplient-elles en raison de la quantité de parties ferrugineuses contenues dans la terre sur laquelle elles végètent ? Nous n’entreprendrons pas de résoudre ces problêmes. Le dépôt presqu’infertile de la Sologne a été formé par les inondations du Cher & de l’Allier ; ou du moins, il y a tout lieu de le supposer, lorsqu’on examine la nature du sable & du gravier que ces deux rivières charient, & lorsqu’on le compare avec celui de la Sologne.

Ce grand bassin offre encore des singularités bien dignes de l’attention du naturaliste & de l’agriculteur. Tous les pays bas, depuis le Puy-en-Velay jusqu’au-delà de la Limagne en Auvergne, sont d’une fertilité surprenante. La terre est un dépôt des laves & des montagnes volcaniques. Ces laves se sont décomposées à l’air ; elles ont été réduites en poussière, & forment cette excellente terre qui assure les plus belles moissons dans la Limagne en Auvergne. Quelle différence pour la fertilité, si on compare celles-ci avec les productions des montagnes du Limosin ! Comme elles sont graniteuses, & par conséquent très-