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dures, les parcelles qui s’en détachent, ne présentent à l’œil que des petits graviers ; la dureté extrême de ces graviers ne leur permet pas de se décomposer, & leur décomposition même est inutile pour la préparation d’une bonne terre végétale.

Les rivières qui arrosent ce troisième bassin, viennent toutes du midi au nord ; & au nord, elles prennent leur direction à l’ouest. Il faut cependant en excepter le Loir, la Maïenne & la Sarte. Celles du midi sont l’Allier, le Cher, l’Indre, la Creuse, la Vienne, enfin la Loire, qui les reçoit toutes.

4o. Du Bassin de la Garonne. Sa circonférence commence du côté du midi à Saint-Bertrand dans les Pyrénées, se propage jusqu’à Foix, toujours par une chaîne de hautes montagnes ; de Foix, elle remonte à Mirepoix, Toulouse, Castres, Vabres, Milhaud, Mende dans le Gévaudan, Saint-Flour en Auvergne. Le Mont-d’Or, montagne si connue par les expériences de Pascal, & par l’excellence de ses pâturages, est situé au nord & sur la lisière de ce bassin, qui se continue jusqu’à la chaîne des montagnes du Limosin. Ces montagnes s’abaissent, & ne sont plus que des côteaux renforcés près d’Angoulême : plus ils approchent de la mer, plus ils s’abaissent, & finissent enfin à n’être plus que des côteaux simples à l’embouchure de la Garonne, nommée Gironde dans cet endroit, & depuis sa jonction avec la Dordogne. Après avoir traversé la Gironde, on voit les côteaux doucement s’élever à la pointe de terre, vis-à-vis la tour du Cordouan ; ils couvrent Bordeaux à l’ouest, s’élèvent encore plus à Bazas, à Lectoure ; ils laissent Tarbes sur la gauche, & vont enfin se terminer aux Pyrénées, près de Saint-Bertrand. Plus ils approchent de ce point, plus ils s’élèvent ; & depuis Tarbes, ils se métamorphosent en montagnes.

La partie de la chaîne des montagnes qui regardent le midi dans le Périgord, le Limosin & l’Auvergne ; celle placée à l’est dans le Languedoc, relativement à ce bassin, & au midi dans le pays de Foix, &c. concourent toutes ensemble à former sa partie haute. Elles préparent ces abris heureux pour les productions des plaines fertiles des environs de Toulouse, de Lauraguais, &c. du délicieux pays de l’Agénois coupé en cent & cent manières par des côteaux riants, très-productifs & bien cultivés. C’est par le secours de l’abri formé par la chaîne des montagnes du Périgord, que les vins de Libourne, de Bergerac, de Saint-Emilion, &c. acquièrent de jour en jour une réputation si bien méritée. Mais plus on se rapproche de la naissance de l’abri, plus les productions diminuent. Un sable quartzeux & graniteux couvre tout le Périgord noir ; des châtaigniers, quelque peu de seigle, du sarrasin sont ses seules productions. En général ses côteaux ne présentent à l’œil que des landes immenses, chargées de bruyères : cependant, on pourroit en tirer quelque parti, au moyen des semis du pin maritime, nommé pinada à Bordeaux & dans ses landes. Plusieurs expériences faites par des particuliers, ont prouvé que ce pin y réussiroit à merveille. On en tireroit au moins de la poix,