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pêcheur, qui percent les ruches ordinaires avec leur bec aigu & affilé pour enlever les abeilles, feroient avec celles-ci d’inutiles efforts. Les vents, les orages, quelques violens qu’ils soient, ne peuvent les culbuter. Les voleurs, qui profitent des ténèbres de la nuit pour enlever les ruches exposées à leurs rapines, sont arrêtés par le surtout fixé à la table des ruches, qui les met à couvert de leurs brigandages.

3o. Outre les dangers auxquels on est exposé en taillant les ruches ordinaires, on risque toujours de dérober trop ou pas assez de provisions aux abeilles ; souvent elles sont la victime de l’ignorance de celui qui taille les ruches, & de la précipitation qu’exige cette opération ; la reine est exposée aux mêmes dangers, & le couvain est détruit très-souvent par mal-adresse ou par ignorance. Avec cette sorte de ruches, on prend le superflu des provisions des abeilles, sans les exposer au plus petit danger ; & celui qui fait ce partage n’a rien à craindre de leur aiguillon meurtrier ; on profite du meilleur miel qui est dans le haut de la ruche, & le couvain n’est jamais endommagé.

4o. Ces sortes de ruches ne sont point exposées à la pluie qui fait moisir les gâteaux par l’humidité qu’occasionne son séjour sur le support, & qui se communique bientôt dans l’intérieur de la ruche, parce que le surtout les met exactement à couvert. Le froid ne peut point nuire aux abeilles, ce surtout est très-propre à les en garantir, & le tiroir qui est à la table sert à placer une chaufferette par-dessous pour leur donner le degré de chaleur qu’on juge nécessaire. Elles ne sont point exposées à la mal-propreté, qui nuit à leurs ouvrages, les dégoûte du domicile qu’elles habitent : tous les jours, si l’on veut, on peut tirer la coulisse pour les nettoyer, sans leur causer le moindre dérangement ; & quand on prévoit que l’air extérieur peut leur nuire s’il est trop froid, on les tient enfermées par le cadran qu’on tourne du côté des trous.

5o. Avec les hausses dont ces ruches sont composées, on donne au domicile des abeilles une grandeur convenable & proportionnée à la population de la colonie qui l’habite. Un foible essaim seroit découragé dans une ruche trop spacieuse, & ne travailleroit point ; dans une, au contraire, dont l’étendue est proportionnée au nombre des individus qui se composent, il travaille avec ardeur, parce qu’il n’est point découragé par la perspective des ouvrages immenses qu’il seroit obligé de faire pour remplir une habitation trop vaste. On peut donc diminuer & augmenter à volonté la capacité d’une ruche, selon que les circonstances l’exigent ; ce qui est un très-grand avantage.

6o. En tout tems on peut donner aux abeilles la nourriture dont elles peuvent manquer, les remèdes qui leur sont nécessaires, sans toucher à la ruche, par le moyen de la coulisse qui est en-dessous de la table.


Section III.

Ruches de M. de Massac.


C’est sur le plan des ruches de M. Palteau, que M. de Massac regarde