Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/116

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vaillées, c’est-à-dire, dans un bon état de culture, que quand elles ne sont pas trop humides ; dans cette circonstance même, il faut avoir soin de mettre les chevaux à la file les uns des autres, afin que, marchant tous dans le même sillon, ils ne pétrissent pas tant la terre : au contraire, quand on emploie cette charrue dans une terre en friche, ou qui n’a pas été labourée depuis long-temps, il faut qu’elle soit bien détrempée par la pluie, sur-tout si elle est forte, autrement la charrue éprouveroit de très-grands obstacles & ne pourroit point ouvrir des sillons à la profondeur qu’on désire.

On peut considérer la charrue de M. Tull, comme un de ces instrumens dont l’invention prouve l’intelligence & le zèle de l’auteur, sans cependant procurer tous les avantages qu’on espéroit en recueillir. La position des coutres est certainement bien entendue, mais leur nombre exige une flèche fort large, qui, étant très-longue, devient un poids énorme, avec la pièce qu’on est obligé d’ajouter au côté droit pour l’emplacement des coutres. Il est impossible que cette charrue renverse, aussi parfaitement que l’assure M. Tull, la terre sur le côté ; ce renversement ne peut s’effectuer que par l’aileron du soc ; outre qu’il n’est pas assez élevé pour cette opération, sa forme n’est pas absolument propre à produire cet effet : la planche qui soutient l’assemblage du soc & de la flèche, ne peut tout au plus que repousser la terre qui vient tomber sur elle en très-petite partie, de même que le côté droit du soc, qui, d’ailleurs étant au fond du sillon, ne peut point produire cet effet. On ne peut donc point concevoir qu’une charrue qui n’a point de versoir, & qui ouvre un sillon de douze à quatorze pouces de profondeur, puisse parfaitement renverser une terre remuée par le soc.

La marche de cette charrue doit être extrêmement lente dans le sillon, 1o. parce qu’un soc selon les dimensions de celui-ci qui est tout en fer, devient un poids très-considérable ; 2o. parce que l’assemblage de toutes les pièces qui composent l’arrière-train, n’est point disposé de façon à diminuer les frottemens qu’elles sont dans le cas d’éprouver.

Cette charrue n’ayant point de sep en bois comme les charrues ordinaires, mais un soc de trois pieds neuf pouces de longueur, portant une flèche de dix pieds de longueur sur quatre à cinq pouces d’équarrissage, on conçoit que quatre coutres de deux pieds huit pouces de longueur, sur une épaisseur proportionnée, doit être un poids énorme qui exige un attelage très-considérable, pour le tirer dans des terres fortes & tenaces. Le conducteur, obligé de soulever & de porter l’arrière-train de la charrue, quand il faut tourner au bout du sillon, doit avoir une force peu commune pour en venir à bout.

CHAPITRE III.

Des Charrues dont l’avant-train n’a qu’une roue, qu’on appelle autrement des cultivateurs.

Toutes les charrues dont il a été parlé dans les articles précédens, sont destinées pour les principaux labours ; soit pour préparer la terre à recevoir la semence, soit aussi