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pour la couvrir quand elle a été répandue sur toute la surface du terrein qu’on vouloit ensemencer. Celles dont nous allons maintenant donner la description, n’ont qu’une roue à l’avant-train ; on les nomme des cultivateurs, parce que dans leur invention, on n’a eu en vue qu’un instrument propre à donner une culture aux plantes, sans les endommager ; ce qui étoit difficile à exécuter avec les charrues ordinaires, qui n’approchoient point assez des plantes, & qui les froissoient ou les brisoient, quand on les conduisoit trop près. La nouvelle manière de cultiver les terres, & de les ensemencer par planches ou bandes étroites, a introduit le cultivateur dans l’Agriculture. M. Tull, qui a pratiqué cette méthode, & qui, au lieu de cultivateur, se servoit d’une charrue légère, dont nous avons donné la description dans la première Partie, prétend que les récoltes qu’il a faites en suivant ses procédés, ont été beaucoup plus abondantes qu’elles ne l’avoient été précédemment.

Quoique la charrue à une seule roue, ne soit destinée que pour donner aux plantes une culture qui est nécessaire à leur végétation & à leur prompt accroissement, on peut cependant s’en servir & l’employer pour les principaux labours, dans les terreins légers, où elle fera d’aussi bonnes cultures que les autres charrues légères, qui n’ont point d’avant-train ; dans ceux qui n’ont qu’un fond de terre peu considérable, par exemple, de quatre, cinq ou six pouces : comme le soc du cultivateur ne fouille la terre qu’à cette profondeur, cette charrue est très-propre pour cultiver ces sortes de terreins, dans lesquels il seroit dangereux de faire de profonds sillons, parce qu’on s’exposeroit à ramener à la surface, la mauvaise qualité de terre qui se trouve en dessous.

Cet instrument propre à remuer la terre à peu de profondeur, qui, dans le principe, n’étoit qu’un simple cultivateur, a été perfectionné au point qu’on en a fait exactement un instrument de labourage, dont on peut retirer la même utilité que des charrues ordinaires, pour donner les premiers labours aux terres, & les préparer à recevoir la semence. M. de la Levrie a fait des labours avec la charrue à une seule roue, qu’il a inventée, dont les sillons étoient aussi profonds que ceux qu’auroit tracé la meilleure charrue. Nous allons faire connoître son cultivateur ou sa charrue à une seule roue, par la description qu’il en envoya lui-même, dans le temps, à M. Duhamel du Monceau.

Section Première.

Description de la charrue à une seule roue, imaginée par M. de la Levrie.

La Figure 5, Planche 2, représente la charrue de M. de la Levrie, assemblée de toutes ses pièces. Le sep A a quatre pouces de largeur, trois d’épaisseur, deux pieds sept ou huit pouces de longueur ; en sorte qu’il y ait du talon du sep à la pointe du soc en place, trois pieds ou trois pieds un pouce : on aura soin que le dessous du sep soit creux dans sa longueur, depuis le talon jusqu’à la pointe du soc, d’environ un pouce dans son milieu, en diminuant la