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soc éprouve dans la terre, usent moins sa pointe qui est d’un bon acier, qu’avec les autres charrues, on est obligé malgré cela, de porter le soc de temps en temps à la forge, pour rétablir la pointe : il faut alors faire attention de la battre de façon qu’elle soit toujours un peu inclinée contre la terre, afin que le soc ne touche point, de toute la longueur de sa surface, sur le terrein, pour que les frottemens soient moins considérables.

Du côté opposé au versoir on applique une planche assez mince N, (Fig. 10) qui vient joindre le versoir au-dessus du soc à l’extrémité antérieure du sep ; son autre bout appuie contre la flèche : cette planche empêche la terre de tomber entre le soc & le versoir.

L’arrière-train ainsi formé est uni à l’avant-train, en enfilant les traverses dans les mortoises pratiquées à la flèche, & qu’on fixe solidement comme il a été dit. On attèle les chevaux en faisant prendre les traits du premier aux crochets qui sont aux bouts des limons : les traits du second cheval prennent aux crochets : quand ils sont fort longs, on a soin de les soutenir dans leur milieu au collier du premier cheval : si on ajoute un troisième cheval, ses traits prendront à ceux du second.

L’oreille étant toujours du même côté de la charrue, elle renverse par conséquent la terre du même côté, qui est la droite du laboureur. Il faut donc labourer avec cette charrue, comme avec celles dont le versoir est fixé à la droite.

Pour bien labourer avec cette charrue, il ne faut point prendre une bande de terre trop large : on doit proportionner sa largeur à la qualité du terrein, & à son état actuel d’humidité ou de sécheresse. Pour ce qui est de la profondeur du sillon, on a soin de gouverner la charrue, pour le faire tel qu’on désire. Quand on veut tracer un sillon d’un pied de profondeur, il faut prendre la bande de terre peu large, afin de proportionner la résistance à la force des chevaux ; pour lors ce travail ne leur est pas plus pénible que si le sillon n’avoit que six pouces de profondeur & que la bande de terre fût plus large.

Dès qu’on a fait le premier trait de charrue, on est en état de la conduire : ainsi, pour ouvrir le premier sillon on place la roue au dernier trou de l’extrémité antérieure des limons, le soc incline contre la terre, la charrue pique profondément pour ouvrir le sillon. Si l’on veut éviter la peine de changer la roue de place, il faut, en commençant le premier sillon, pencher les manches de la charrue à droite ou à gauche ; la charrue étant penchée vers un des ces côtés, elle prendra l’entrure sans qu’on soit obligé de déplacer la roue, & le soc piquera très-bien pour ouvrir le premier sillon. En ayant ouvert trois ou quatre, en différentes places, le laboureur connoîtra parfaitement ce qu’il doit faire pour y réussir. Le premier trait de charrue étant fait, on continuera les suivans avec la plus grande facilité ; alors on tiendra la charrue droite ; si le terrein exige qu’elle soit penchée, on appuiera très-peu sur les manches pour la faire pencher ou à droite ou à gauche.

La charrue pique plus ou moins, à proportion que la roue est avan-