Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/134

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avec le double manche, en entrant dans la mortoise qui y est pratiquée & où elle est chevillée ; de ce premier point d’assemblage elle s’élève peu à peu pour aller porter son extrémité sur la sellette de l’avant-train d’une charrue ordinaire, ou pour être enfilée aux traverses de l’avant-train à une roue d’un cultivateur : dans cette dernière circonstance, c’est-à-dire, si elle est arrangée pour être enfilée aux traverses d’un avant-train à une seule roue, sa direction, ou son alignement est presque parallèle au sep ; elle est soutenue au-dessus du sep par l’attelier & la scie, dont les tenons qui sont à leurs extrémités, sont reçus dans les mortoises qui sont au sep & à la flèche.

Le soc, semblable à celui de la charrue à double oreille, a une douille à la partie opposée à sa pointe, dans laquelle entre celle du sep : à trois ou quatre pouces de sa pointe, le soc est percé d’un seul trou pour y attacher une pièce de fer plat d’un pouce & demi ou deux de largeur ; l’autre bout de cette pièce de fer est attaché vers le milieu de la hauteur de la scie, au côté droit. Cette pièce qu’on nomme le gendarme, tient lieu de coutre ; son assemblage forme un angle, dont elle seule fait un des côtés ; l’autre est fait en partie par le soc & par le sep. Le vide de cet angle qui reste entre le sep & le gendarme, est rempli par une pièce de bois triangulaire qui embrasse la scie à droite & à gauche, & n’excède point la largeur du sep : elle est en arrière de la scie, de deux pouces à peu près, pour qu’elle puisse embrasser la scie, & appuyer contre elle, afin d’être assemblée solidement. Cette pièce de bois est échancrée de la largeur de la scie, au côté opposé à son plus petit angle, qui est placé dans celui que forme le soc avec la pièce de fer qui est clouée près de sa pointe. Cette pièce de bois triangulaire, ainsi placée, recouvre parfaitement la douille du soc, & elle se termine en arrête au gendarme.

Le soc, depuis sa pointe jusqu’à son extrémité opposée où se trouve la douille, a treize à quatorze pouces de longueur : la distance d’un angle à l’autre de ses ailes est de huit ou neuf pouces seulement. Ce soc, quoique semblable à celui de la charrue à double oreille, est bien plus petit, puisque sa grande largeur n’est que de huit pouces à peu près ; aussi leurs destinations sont très-différentes : l’un fouille la terre pour les principaux labours ; il doit, par conséquent, ouvrir de larges sillons : l’autre, au contraire, ne doit remuer la terre que légèrement pour lui donner une simple culture, qui la dispose à recevoir les influences de l’air nécessaires à la végétation des plantes qu’on cultive.

Le double manche de ce cultivateur a les mêmes proportions que ceux dont il a été parlé ; il est uni au sep par le tenon qu’il porte à son extrémité inférieure, qui est placé & chevillé dans la mortoise qui est au talon du sep.

Ce cultivateur fouille & remue la terre sans la renverser, il peut être d’un usage utile & commode pour donner des labours de culture entre les rangées de luzerne, de trèfle & autres plantes. Si l’on veut qu’il renverse la terre, il est très-aisé d’y adapter un petit versoir qu’on peut rendre mobile.