Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/158

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même l’extrémité de la main sur du fer, on éprouvera plus de froid dans la partie de la main qui couvre le fer, un peu moins sur la pierre, & beaucoup moins sur le bois.

Le thermomètre appliqué sur ces trois corps indiquera le même degré de froid. D’où vient donc la différence que nous éprouvons ? C’est que la chaleur de notre main (Voyez le mot Chaleur) est d’environ vingt-huit à trente degrés de chaleur : dès-lors ces trois corps paroissent froids, chacun à leur manière, parce qu’ils absorbent notre chaleur & se l’approprient ; mais le fer, comme meilleur conducteur de la chaleur, se l’approprie davantage & plus promptement que la pierre & que le bois. Ce que nous éprouvons s’applique à la couche dont il est question. La pierre, meilleur conducteur de la chaleur que le bois, nuit à la couche. C’est encore cette raison qui m’engage à rejeter les couches faites dans des fosses, parce que la terre absorbe la chaleur du fumier au détriment des plantes. Il résulte de ce qui vient d’être dit, que c’est une erreur de construire en pierre le corps de la caisse qui doit supporter les châssis : il faut du bois, & rien de plus. La caisse doit être isolée, parce que cet isolement facilite les réchauds, suivant l’exigence des cas. On ne peut en donner si la caisse est toute en pierre, & ils produiront peu d’effet si la caisse est adossée contre un mur. En parlant des couches (Voyez ce mot) on expliquera ce que signifie le mot réchaud. Le fond de la caisse garni en bois, garantit la couche & les racines, par conséquent, des dents & des ciseaux des insectes, puisqu’il leur est impossible de s’y introduire. Combien de couches détruites par les seules taupes-grillons ! (Voyez ce mot)

Le Hollandois, toujours économe, simplifie, autant qu’il le peut, les objets. Le climat qu’il habite le nécessite à recourir aux châssis pour les semis de tabac. À la place des vitres, il se sert de papier collé sur le cadre ; mais comme ce papier seroit détrempé, & ensuite dissous par la pluie, il a le soin de l’imbiber de graisse, & l’eau coule sans l’endommager. Voici son procédé. Le papier collé sur son cadre, il le présente sur un réchaud garni de charbons allumés ; lorsque le papier est bien chaud sans être roux, il passe légèrement par-dessus du sain-doux, & la chaleur du papier le fait fondre. Il fait la même chose à tous les carreaux. Cette opération rend le papier plus diaphane, & la clarté sous le châssis, lorsque le soleil ne donne pas, est plus douce, plus forte que celle produite par la vitre.

Les châssis en plan incliné, & tels qu’on vient de les décrire, avoient été regardés comme les meilleurs. Le sieur Mallet, jardinier, demeurant à Paris, au-dessus de la barrière de Reuilly, fauxbourg de Saint-Antoine, fit, en 1778, connoître des châssis de nouvelle forme, qui méritent la préférence, à tous égards, sur les premiers ; ils équivalent à des serres chaudes. Il les a nommés châssis physiques. L’auteur va parler.

« La découverte de mes châssis physiques est le fruit d’une longue suite d’observations & d’expériences que j’ai faites sur la fermentation des fumiers, & sur la raréfaction de la lumière qui traverse des verres bombés. On n’obtient des châssis plats, dont on fait