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petit & le grand ; dans la même position, l’obliquité des réflexions du soleil sur les vitrages, produit cet effet ; & comme le châssis aux deux tiers de ceintre, a six pieds de hauteur, & que le ceintre plein en a sept, la plus grande quantité d’air peut encore y contribuer. »

Si l’on compare actuellement les châssis du sieur Mallet avec les anciens, on reconnoîtra aisément leur supériorité qui tient seulement à la courbure du vitrage. Sur les châssis en plan incliné, les rayons du soleil, depuis son lever jusqu’à son coucher, tombent perpendiculairement sur le verre, tout au plus pendant quelques minutes, au lieu que sur les châssis ceintrés, les rayons sont presque toujours perpendiculaires depuis neuf heures du matin jusqu’à trois. On n’ignore pas que c’est à cette perpendicularité des rayons qu’est due la plus ou moins grande chaleur. En hiver le soleil est plus près de nous qu’en été, mais en hiver ses rayons sont plus obliques ; voilà la cause de leur peu de chaleur.

Tous les châssis quelconques tiennent plus au luxe qu’au besoin, excepté les châssis à papier des Hollandois, que nos jardiniers ordinaires devroient adopter. Ils leur serviroient à semer les plantes printanières, & les mettroient à l’abri des rosées froides, ou des gelées tardives des mois de Mars & d’Avril ; presque par-tout ils font des couches, & la chaleur rend les jeunes plantes qui poussent, beaucoup plus susceptibles des impressions de l’atmosphère.


CHAT-BRULÉ. Poire. (Voyez ce mot)


CHAT. (Hist. Natur. Économ. Rur.) Cet animal si joli, si vif, si turbulent quand il est jeune ; si patelin, si adroit, si rusé quand il désire quelque chose ; si fier, si libre dans les fers même de la domesticité ; si traître dans ses vengeances ; cet animal, dis-je, qui semble réunir tous les extrêmes, que l’on craint pour sa perfidie, que l’on souffre par besoin, que l’on chérit quelquefois par foiblesse, est d’une utilité trop grande à la campagne, pour que nous le passions sous silence. La guerre continuelle qu’il fait pour son seul & unique intérêt, purge nos habitations d’un ennemi importun, dont les dégâts multipliés produisent, à la longue, de très-grandes pertes. Il faut donc bien traiter & récompenser, par nos soins, un domestique infidèle qui nous est si utile, tout en ne travaillant que pour lui-même. Les animaux auxquels le chat fait la guerre, & qu’il détruit souvent, plus par le plaisir de nuire que par besoin, sont indistinctement tous les animaux foibles, & qui ne peuvent échapper ou à sa force ou à son adresse, les oiseaux, les rats, les souris, les levreaux, les jeunes lapins, les mulots, les taupes, les crapauds, les grenouilles, les lézards, les serpens, les chauves-souris, &c. deviennent sa proie ou son jouet. Ce qu’il ne peut ravir de haute-lutte, il le guette & l’épie avec une patience inconcevable. Tapi au bord d’un trou, rassemblé dans le moindre espace possible, les yeux fermés en apparence, mais assez ouverts pour distinguer sa proie ; & l’oreille au guet, il affecte un sommeil perfide, pour tromper l’animal dont il médite la mort. À peine est-il hors de son