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qu’ils ont pour base une substance calcaire ou alcaline. (Voyez les mots Alcali & Calcaire) La pierre propre à faire la chaux est compacte ; & plus elle est dure, meilleure elle est. La craie a peu de consistance, & est moins active que la chaux ; & la marne l’est beaucoup plus que ces deux premières. (Voyez ces mots) Je regarde la marne comme le débris de la substance animale, ou l’enveloppe de l’animal, la plus atténuée, la plus divisée, & qui a le mieux conservé la masse de ses principes, par son union avec l’argile. La craie en a perdu une partie considérable ; ils ont été plus délavés par la masse énorme d’eau qui l’a voiturée, charriée & accumulée, au point d’en former des montagnes, & des bancs de près de cent lieues de longueur. (Au mot Agriculture, voyez ce qui est dit, en parlant du bassin de la Seine) Quant à la pierre propre à être convertie en chaux, elle s’éloigne plus que la marne du principe alcalin ; 1o en ce qu’elle a absorbé une plus grande quantité d’air fixe, (voyez ce mot ) qui fait plus des deux tiers de son poids, & qui sert de ciment ou de lien d’adhésion à ses parties ; 2o. il est rare que ses parties soient pures, qu’elles ne contiennent pas des corps étrangers disséminés entr’elles. De ces généralités, passons à ce qui concerne spécialement la chaux.

1o. Tout le monde connoît l’expérience de l’eau versée sur la chaux ; l’on sait qu’elle l’absorbe, & que cette eau la pénètre promptement ; enfin qu’elle reprend la portion d’eau que la calcination avoit fait évaporer avec la majeure partie de l’air fixe ; mais ce dernier n’est réintégré avec la chaux réduite en bouillie, qu’autant qu’elle est ensuite mêlée avec le sable, la brique pilée, &c. & réduite en mortier. À mesure que le mortier, en se séchant, laisse évaporer l’eau surabondante, il se cristallise, devient un corps dur, solide, & se lie enfin à ceux qu’il enveloppe. Quoique sous une forme & sous une combinaison nouvelle de celle qu’il avoit auparavant, ne pourroit-on pas dire que s’il cristallise, c’est par l’aspiration de l’air fixe répandu dans l’atmosphère, ou qui s’échappe des corps voisins ; car je crois que l’air fixe est la base ou la cause efficiente de toutes les cristallisations & de la solidité des corps.

2o. On sait encore que l’eau de chaux a la faculté singulière de dissoudre les corps graisseux, huileux ; de s’unir avec eux, & par leurs combinaisons, de former un véritable savon.

3o. Que cette eau de chaux, unie avec des acides, entre en grande fermentation, absorbe leur acidité, & ensuite attire fortement l’humidité de l’air.


Section II.

Des effets de la Chaux sur les terres.


1o. Les auteurs disent que tout sol sablonneux, graveleux ou pierreux, est amendé par la chaux ; cela est vrai, en ce que la chaux réduite en poussière, & mêlée avec les particules terreuses, sans adhésion entr’elles, leur en donne, les réunit en corps plus ou moins considérable, après que la pluie l’a pénétrée. Il résulte par conséquent de ce mêlange, que ce terrein est susceptible