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les dérobent à l’œil de l’acheteur, qui doit être placé directement derrière le cheval.

Il est essentiel encore de rechercher s’il y a égalité dans l’action de chaque jambe. On ne peut y parvenir qu’en voyant le cheval de profil, parce que dès-lors chaque membre agissant à découvert, il est facile à l’acheteur d’en comparer l’élévation, la progression & la vîtesse. Ce n’est même que par cette voie que l’on peut appercevoir un défaut presque imperceptible de justesse, qui naît assez souvent plutôt de la foiblesse de l’un de ses membres, que d’un mal réel, & qui n’en est pas moins la cause d’une claudication légère, qui échappe toujours, quand on ne considère l’animal que de face, ainsi qu’il est d’usage.

Les yeux sont encore plus aisément frappés de l’irrégularité ou de l’inégalité des mouvemens du cheval dans l’action du pas, parce que ces mêmes mouvemens sont moins rapides. L’acheteur voit clairement si cette action est faite avec hardiesse & avec facilité, si le genou est suffisamment plié, si la jambe parvient à une élévation convenable ; si, lorsqu’elle y est parvenue, elle s’y soutient un certain espace de temps ; si l’action de chaque membre est en raison de celui qui lui correspond. Le pas est donc aussi l’allure qu’il faut exiger d’un cheval. L’acheteur peut se mettre plus souvent à l’abri de la fraude, en le montant lui-même, parce que le sentiment seroit joint alors aux différentes remarques qu’il auroit pu faire, soit dans le repos, soit dans l’action : en pareil cas, le cavalier ne débutera jamais par des aides propres à l’animer & à le rechercher ; il observera attentivement au moment du départ ; il examinera si le premier mouvement est opéré librement & de bonne volonté, & sans aucune action désordonnée de la tête ; il s’éloignera peu à peu du lieu où le maquignon le met en montre ; s’il témoigne de l’ardeur, il l’appaisera, il ne lui demandera rien, & ne le tiendra point ; il le laissera marcher & cheminer quelque temps à son gré, & il verra insensiblement ensuite, en le renfermant & en l’attaquant par degrés, s’il demeure placé, s’il a de la franchise, de l’appui, s’il est libre à toutes mains : au moyen de toutes ces épreuves, on pourra porter un jugement certain du cheval dont on fait choix.


Section II.

Choix du Cheval de selle.


Parmi les chevaux de selle, il est des chevaux fins, & des chevaux communs.

Le cheval fin est proprement un cheval de maître pour le voyage. Il doit avoir quatre pieds huit à neuf pouces de hauteur, la bouche bonne & légère, la tête assurée, les hanches & les jambes musculeuses, le pied & la corne bonne, beaucoup d’allure, de la sensibilité à l’éperon, une action souple & douce, de l’obéissance, de la douceur, de la hardiesse, un grand pas & un estomac facile à digérer, même le foin de basse qualité.

Les chevaux de selle, que nous envisageons comme des chevaux communs, & qui peuvent être mis en opposition avec celui dont nous venons de parler, sont le cheval de