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domestique ou de suite, le cheval de troupe & le cheval de piqueur.

Le premier doit être bien traversé, bien membré, bien gigoté, & avoir la bouche bonne. Il ne faut pas trop s’attacher au liant ou à la dureté de ses allures.

Le second, c’est-à-dire, le cheval de troupe, doit être plus susceptible d’obéissance, de souplesse & de légèreté, relativement aux manœuvres auxquelles il est soumis, & qu’il ne sauroit exécuter, s’il étoit trop jeune.

Le troisième enfin, ou le cheval de piqueur, demande d’être étoffé, vigoureux, doué d’une grande haleine, & propre à résister au travail pénible auquel il est assujetti.

Quant aux bidets de poste, on doit plutôt considérer la bonté de leurs jambes & de leurs pieds, que leur figure & les qualités de leur bouche. Leur galop doit être aisé, & de manière que la dureté & la force de leurs reins n’incommodent point le cavalier. Trop de sensibilité seroit, au surplus, dans ces chevaux, un défaut d’autant plus considérable, que l’inquiétude qui résulte des mouvemens désordonnés des jambes des différens cavaliers qui les montent, & de l’approche indiscrète & continuelle de l’éperon, les rend bientôt rétifs ou ramingues.


Section III.

Choix du Cheval de labourage.


Le cheval destiné à cet usage doit avoir l’encolure un peu épaisse, les épaules musculeuses, le poitrail large, parce que plus le poitrail est large, plus l’animal donne dans le collier ; les jambes plates, le tendon détaché, le pied bien fait, le dos droit & court, la croupe étoffée, le genou & le jarret souples & parfaitement sains, & la taille de quatre pieds dix pouces jusqu’à cinq pieds. La seule allure que l’on en doive exiger est le pas.


CHAPITRE III.

Des pays qui fournissent des Chevaux.


L’Europe entière & les autres parties du monde fournissent des chevaux, & il est prouvé que les climats plus chauds que froids, & sur-tout les pays secs conviennent le mieux à leur nature, & que leurs caractères ou leurs qualités sont produits par l’influence des climats ; ce qui les fait distinguer en diverses races. Nous allons les décrire.


Section Première.

Des Chevaux Arabes.


L’Arabie contient les plus beaux chevaux que l’on connoisse. Ils sont plus grands & plus étoffés que les autres, & viennent des chevaux sauvages des déserts de ce pays, dont on a fait très-anciennement des haras. L’Asie & l’Afrique en renferment un nombre infini. Les Arabes du désert, & les peuples de Lybie élèvent une grande quantité de ces chevaux pour la chasse. Il ne s’en servent ni pour voyager, ni pour combattre, & les font paître lorsqu’il y a de l’herbe ; & lorsque l’herbe manque, ils ne les nourrissent que de dates & de lait de chameau, ce qui les rend nerveux, légers & maigres. Les jumens de ce pays sont si sensibles que dès qu’elles se sentent chatouiller le flanc