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saison, en faisant couvrir les lices en janvier ; malgré la rigueur de cette saison, on peut parvenir à mettre ces animaux en chaleur, en les renfermant ensemble dans un chenil : elle fait trois, quatre & jusqu’à huit petits à la fois. Le petit chien naît avec les yeux fermés, & ne les ouvre que neuf jours après la naissance.

III. Des soins que les Chiens exigent depuis le moment de leur naissance, jusqu’au temps de les dresser. On met sur la paille, dans un endroit bien chaud, les chiens qui viennent en hiver. On nourrit bien la mère, en lui donnant de la soupe deux fois le jour. Il faut, au bout de quinze jours, couper le bout de la queue aux petits ; on les laisse avec la mère jusqu’à trois mois. Ce temps arrivé, on donne les jeunes chiens à nourrir au village, jusqu’à l’âge de dix mois. Les personnes chargées d’en avoir soin, ne leur laisseront point manger de la charogne, ni aller dans les garennes, parce que cela leur fait du mal. Leur nourriture sera de pain de froment, & non de seigle, celui-ci passant trop vite, & étant d’une substance trop légère, & par conséquent peu propre à donner du rable aux chiens. Cet entretien doit durer jusqu’à l’âge de dix mois, ou un an, qui est l’époque où on les dresse ; alors on les rend dociles, en les accouplant les uns avec les autres, en les promenant, en leur donnant du cor, & en leur apprenant la langue de la chasse.

IV. Manière de dresser les Chiens, ou de leur éducation. Le jour choisi pour les leçons des jeunes chiens, on place les relais ; on met à la tête de la jeune meute quelques vieux chiens bien instruits, & cette harde se place au dernier relais. Quand le cerf en est là, on découple les vieux, pour dresser les voies aux jeunes ; on lâche les jeunes, & les piqueurs armés de fouets, les dirigent, fouettent les paresseux, les indociles, les vagabonds, & lorsque le cerf est tué, on leur en donne la curée comme aux autres. Les essais doivent se réitérer autant qu’il le faut.

L’éducation du chien courant consiste à bien quêter, à obéir à arrêter ferme. On commence à lui faire connoître son gibier. Quand il le connoît, il faut qu’il le cherche ; quand il le sait trouver, on l’empêche de le poursuivre ; quand il a acquis cette docilité, on lui forme tel arrêt qu’on veut ; quand il sait tout cela, il est élevé, parce qu’il a appris la langue de la chasse en faisant ses exercices ; il s’agit seulement de lui montrer à rapporter, à aller en trousse, & s’enhardir à l’eau.


CHAPITRE III.

Du Chenil.


Ce qu’on entend par Chenil, & de sa construction. Nous entendons par chenil, le lieu destiné à contenir les chiens de chasse.

Il doit être composé de plusieurs pièces à rez-de-chaussée, pour séparer les chiens selon leur espèce ; à côté de ces différentes pièces, doivent être pratiquées des cours pour leur faire prendre l’air, & des fontaines pour les abreuver. Ordinairement aussi l’on pratique de petits fours pour cuire le pain, & des cheminées dans chaque appartement, parce que ces animaux ont besoin de feu pour se sécher, lorsqu’ils viennent de la chasse, froids &