Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vicissitudes de l’atmosphère. Cette seconde transplantation me paroît inutile, & même pourroit être supprimée, si, à la seconde, on donnoit plus de distance d’un pied à l’autre. Il est bien difficile que les racines encore tendres, & la plante même, ne souffrent pas toujours un peu de ces transplantations multipliées. Comme l’hiver, dans nos provinces du nord, est, pour ainsi dire, une saison morte, relativement au jardinage, ces petits soins ne dérangent, & n’occupent pas beaucoup les maraîchers.

Dès qu’on ne craint plus les rigueurs de la saison ; c’est-à-dire, vers la fin d’Avril, c’est le cas de replanter à demeure & en plaine, les jeunes choux ; ils ont alors six, sept ou huit feuilles bien formées. On aura eu soin auparavant de défoncer la terre profondément, de ne pas y épargner les engrais les plus consommés, mais non pas au point d’avoir perdu leur feu, leur énergie. Enfin, à la distance de deux pieds, en tout sens, on ouvre de petits trous, qu’on remplit de terreau ; & avec une cheville, on plante dans chacun un pied de chou fleur hâtif, qu’on y enterre jusqu’au-dessus du collet. Aussitôt après on retire la terre qui avoisine le collet, afin de former autour de lui un petit bassin, qui retiendra l’eau des arrosemens. Le premier a lieu aussitôt après que le plançon est mis en terre, afin qu’elle s’attache aux racines, & que ce terrein, jusqu’alors si meuble, se plombe. Quinze jours après, un second arrosement suffit ; mais, cette époque passée, il faut arroser de deux en deux jours, à moins que la pluie n’y supplée. Si l’on désire plus de grosseur dans les pommes, il faut biner tous les mois, & débarrasser le sol de toute herbe inutile, &, de temps à autre, ajouter du fumier, non pas aussi consommé que le premier ; il aidera à la vigoureuse végétation de la plante, & maintiendra l’humidité de la terre, en empêchant son évaporation.

Il est essentiel, après que les choux ont été replantés à demeure, de les visiter souvent, & presque jusqu’au moment où l’on coupe la pomme. Il s’agit d’examiner si tous les plants ont repris ; s’il y en a de foibles, de languissans, de les arracher, & de leur en substituer de nouveaux ; s’il s’en trouve de borgnes, ou sans œil, de les arracher, ainsi que ceux dont la feuille, qui doit avoisiner la pomme, a été détruite, ou très-endommagée d’une manière quelconque : si, sur des tiges foibles, la pomme paroît, & devance le temps ordinaire, c’est le cas de butter la tige avec de la terre, de former un bassin tout autour, & de multiplier les arrosemens ; enfin, lorsque la pomme est sortie, & qu’elle a acquis la grosseur du poing, de lier les feuilles par l’extrémité, ou de les rompre par le milieu, afin que, recouvrant la pomme, elle blanchisse & augmente de volume au-dessous de cette enveloppe. Telle est la méthode des environs de Paris, & qui peut s’appliquer aux provinces plus septentrionales, si elles ont la facilité d’avoir des fumiers pour les couches. Le mérite de l’espèce de chou dont on vient de parler, est d’être plus printanière que les autres, de prospérer mieux dans les années sèches, & dans les terres fortes. Il est donc d’une grande ressource pour le jardinage des provinces du nord ; mais,