Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/322

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comme les prix des primeurs ne sont pas partout aussi hauts qu’à Paris, le jardinier n’a pas les mêmes moyens : je lui conseille de construire des châssis en papier, semblable à ceux dont les hollandois se servent pour les semis du tabac. (Voyez le mot châssis) Un coin de mur qui abrite bien, un encaissement fait grossièrement avec des planches, & environné de toutes parts par la terre, ou placé dans une fosse faite exprès, suffira pour ses semis ; & la paille jetée par-dessus le châssis & la terre environnante, pendant les jours les plus rigoureux, les préservera des trop fortes impressions du froid.

Dans les provinces du centre du royaume, on peut semer dans un bon abri, dès la fin de février, & dans les méridionales, en janvier même ; car les froids de ce mois y sont ordinairement moins actifs que ceux de février, lorsqu’ils s’y font sentir. Des abris, une terre bien préparée & bien fumée, une couche, si on le peut, suffisent : il est inutile de transplanter aussi souvent qu’à Paris ; le plançon ne doit se lever du lieu du semis, que pour être mis à demeure dans la terre qu’on lui destine.

Dans ces provinces, on ne fait, en général, aucune différence entre le chou fleur hâtif, & le chou fleur tardif ; ils sont semés tous en même temps. Comme on ne leur donne pas les mêmes soins qu’à Paris, on les cueille un peu plus tard. Il n’est pas rare de voir dans cette Capitale des choux fleurs hâtifs dès le mois de Juin ; & ceux qui les cultivent dans nos pays méridionaux, les récoltent en juillet & en août.

Du chou fleur tardif. La pomme de ce chou est plus grosse que celle du précédent, & elle est plus délicate à manger. Dans les provinces méridionales, on les sème en janvier, février, avril, juin, août & octobre, & on les mange depuis le mois de novembre, jusqu’à celui d’avril. On doit observer que cette indication générale souffre des modifications, souvent d’un lieu à un autre peu éloigné, à cause du plus ou du moins d’intensité de chaleur, de la qualité du sol, de la facilité des irrigations, &c. Il faut encore observer que les arrosemens, dont on a parlé plus haut, sont suffisans dans les provinces du nord & du centre du Royaume, mais que vingt hommes, employés toute la journée à charier des arrosoirs pleins d’eau, ne suffiroient pas pour donner l’eau nécessaire aux plantes d’un jardin de deux arpens, situés au midi du Royaume, où on est forcé d’arroser par irrigation. (Voyez ce mot) Comme les chaleurs sont vives, & l’évaporation considérable, on ne plante pas les choux fleurs, ni les brocolis dans des carreaux, mais tout le long du bord du petit fossé ou rigole, qui distribue l’eau sur toutes les parties du carreau. De cette manière, ces espèces de choux, qui aiment beaucoup l’humidité, sont fréquemment & abondamment arrosées. Si, dans le nord, on suivoit la méthode des provinces méridionales, on auroit de bien chétives productions, & ainsi tour à tour.

M. Descombes, dans son École du jardin potager, ouvrage très-bien fait pour le climat de Paris, décrit ainsi la culture du chou fleur tardif. Je le copie mot pour mot.

« On le sème de deux manières : les uns le sèment fort clair, à la fin