Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/325

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les pieds avant que la pomme soit tout-à-fait à sa perfection, & les enterrer jusqu’au collet dans un endroit frais, la tête penchée, & près à près ; ils achèvent de grossir, & s’entretiennent bons assez longtemps. Sans cette précaution, ils montent en graine, & on en perd beaucoup.

» Les choux fleurs qu’on veut avoir dans l’automne & en hiver, exigent une culture plus simple, & différente : on sème la graine assez clair au mois de mai, le long d’un mur placé au nord, ou au couchant ; on herse bien la terre, après l’avoir labourée, & on jette par-dessus deux pouces de terreau ou de crotin de cheval brisé : elle lève en peu de jours ; & quelquefois à peine est-elle sortie de terre, qu’elle est dévorée par les tiquets. Nous dirons comment on les détruit, à l’article des ennemis des choux. On laisse fortifier le plant, sans autre soin que de le sarcler & mouiller souvent, jusqu’à ce qu’il soit en état d’être planté à demeure. On les conduit ensuite de la même façon que les premiers ; mais, surtout, il faut les mouiller copieusement dans les mois de juillet & d’août. Ils commencent à donner leur fruit en octobre ; & il est d’autant plus beau, que l’été s’est trouvé plus pluvieux ; car les sécheresses leur sont très-contraires, & ils se succèdent les uns aux autres, jusqu’en décembre. Il s’en trouve même une partie dans le nombre, qui ne pomme pas en place, & qu’il faut mettre dans la serre, où leur pomme se fait : ce sont ceux qui servent pour la fin de l’hiver.

» Les précautions à prendre pour les enfermer, sont de choisir d’abord un beau jour, quand il n’y a ni eau ni humidité sur les plantes ; &, pour plus de sûreté encore, on les pend en l’air par la racine, pendant un jour ou deux, dans un lieu fort aéré. On leur ôte ensuite une partie de leurs feuilles les plus basses, & on les enterre près à près, jusqu’au collet, dans des tranchées de profondeur convenable, & dans un terrein de sable. S’il est trop sec, on le mouille un peu auparavant, & l’on donne de l’air à la serre, le plus que l’on peut. Lorsque les gelées surviennent, on calfeutre porte & fenêtre : ils font leur pomme dans cette situation, plus petite à la vérité qu’en plein air ; mais on est bien aise de les trouver telles pendant tout l’hiver. Ils vont quelquefois jusqu’à Pâques, quand la serre est bonne, & qu’on a soin d’ouvrir les fenêtres, dès que le temps s’adoucit.

» Dans les mois de novembre & décembre, pendant lesquels ils sont encore en pleine terre, il faut de l’attention pour les préserver des gelées, souvent assez fortes, en faisant porter de la grande litière bien secouée, au bord des carrés, pour les couvrir diligemment, lorsque le temps menace ; & à mesure que les pommes sont en état d’être coupées, il faut les porter dans la serre. On coupe le pied au-dessous de la pomme ; on les dépouille de toutes leurs feuilles, jusqu’à fleur de la pomme ; c’est-à-dire, on les coupe à fleur, sans les éclater, & on les range proprement sur des tablettes. Ils se conservent bons, quoique coupés depuis deux